(Spoil possible pardon pardon pardon)
Je me dois d’être honnête avec vous, ce film je suis tombée dessus par hasard. Il fait parti de la longue liste de films que je suis allée voir juste parce que le titre où l’affiche me plaisait. Je n’ai pas trop pour habitude de me renseigner sur les films que je vais voir pour garder l’œil le plus neutre possible, et pour ne pas être influencée. Evidemment cette technique n’est pas infaillible et je me suis parfois retrouvée déçue. Mais, ce soir-là, j’ai vraiment eu une révélation.
Revenons brièvement sur l’histoire, nous voilà plongé en Chine avec sa censure, sa dictature, ses camps de travails et son emprise tentaculaire. Pour « caricaturer » c’est Big Brother. Mais l’histoire, même si la dictature chinoise est en toile de fond, est avant une histoire d’amour, de haine et de pardon entre trois protagonistes. Un couple séparé par la dictature, et leur fille. Plusieurs années plus tard, Lu est enfin libéré de son camp. Avec mon petit cœur d’artichaut et mon ignorance de l’histoire je m’attendais à des retrouvailles pleines d’amour. Je sortais déjà mon mouchoir prête à pleurer de joie mais c’est bel et bien de tristesse que j’ai pleuré. Car il s’avère que Feng ne reconnait plus l’homme qu’elle n’a cessé d’attendre. Lu usera donc de différents subterfuges pour tenter de lui faire recouvrer la mémoire. Et leur fille dans tout ça ? Et bien son rôle est ambigu car c’est elle qui a séparé ses parents, mais, rongée par la culpabilité elle aidera son père pour s’amender. Ce trio à première vue déchiré reste donc paradoxalement soudé autour de Feng, la mère, qui traumatisée par l’arrestation de son mari ne parvient pas à dépasser le choc et à retrouver sa vie.
Pour rentrer un peu plus dans la phase critique (même si je n’aime pas ce mot), j’accepte qu’on me dise que l’histoire est un peu niaise, j’accepte aussi qu’on me dise qu’il y a des répétitions et des longueurs, j’accepte encore une fois qu’on me dise que le réalisateur passe sous silence des réalités concernant l’histoire de la Chine, mais je vais essayer de vous prouver le contraire. A travers le personnage de Feng, notamment, on remarque les dommages que la population a pu subir sous le joug de ce régime totalitaire, c’est le portrait d’une femme abattue qui a tout perdu, sa vie, son mari et sa mémoire, que nous dresse Zhang Yimou. Mais elle n’est pas la seule à souffrir, le personnage de Dandan, leur fille, n’en sort pas indemne non plus puisque c’est à cause de son endoctrinement qu’elle a dénoncé son père. Ce film est donc selon moi certes une histoire d’amour mais aussi une fable sociale, édulcorée je vous l’accorde, mais qui porte un message politique malgré tout. La force de ce film est que la dénonciation est subtile, on ne la remarque qu’à travers les destins brisés de cette famille. En effet, c’est à cause de l’Etat que leur vie a si tragiquement basculée. Le message est donc selon moi d’autant plus fort que nous voyons les dommages concrets que peut poser ce type de régime dans une famille lambda. Un autre élément va dans ce sens et il concerne Lu, à aucun moment (si ma mémoire est bonne), il n’est fait mention de la cause de son emprisonnement, comme si sa peine était arbitraire, or l’arbitraire est le principe même d’une dictature. Alors oui je suis fleur bleue et j’aime les films d’amour mais celui-là est m’a vraiment bouleversée de par sa profondeur et de par la multiplicité de choses qu’on peut y voir. Un autre de ses points fort est qu’il nous fait passer par toute une palette de sentiments diamétralement opposés comme l’espoir et l’abattement. Pour conclure, je ne pouvais pas faire cette critique sans saluer la prestation des deux acteurs Chen Daoming et Gong Li qui m’a bluffé. Je précise juste que je n’avais vu aucun film Zhang Yimou avant celui-là.