ce qu'il en reste (de nos vies...)
A travers ce mélodrame Zhang Yimou nous raconte une famille déchirée par la révolution culturelle. Finalement on ne saura rien de la raison pour laquelle Lu passe une quinzaine d'années dans les camps et ce n'est pas important, ce qui est important c'est qu'il aura survécu en écrivant des centaines de lettres à Feng son épouse et la mère de leur unique enfant Dandan, sur n'importe quel support lui permettant d'écrire, mais que ces lettres ne seront jamais envoyées. Feng en prendra connaissance quand son mari, réhabilité après la fin de la révolution culturelle, tentera de lui faire revenir sa mémoire disparue en lui lisant lui-même ses propres lettres, qu'elle écoute avidement sans jamais reconnaitre son mari dans ce camarade lecteur qui vient d'emménager près de chez elle. Comme on ne sera jamais comment Feng a perdu la mémoire: est-ce le choc physique lors de la deuxième arrestation de son mari à laquelle elle assiste impuissante, est-ce la trahison de sa fille, perdue entre l'idéologie et le père absent?, est-ce les violences qu'elle a subit ou accepté pour que son mari ne soit pas exécuté et qui la hantent?
Ce qui compte c'est ce qui reste: l'attachement entre ces trois êtres broyés par le destin, comment ils prennent soin les uns des autres, comment ils cheminent ensemble, sans plus de croyances, de convictions ou de souvenirs, juste reliés les uns aux autres par le fil ténu de la tendresse. Le trio d'acteurs est épatant avec une mention spéciale à Gong Li en femme amnésique. Pour finir ça m'agace vraiment de lire un peu partout dans les critiques que Yhang Zimou a eu peur de faire un film politique ou de traiter son (vrai?) sujet, car il est chinois, donc c'est n peu une obligation pour lui, quoi... Il nous livre là un film de cinéma et c'est déjà beaucoup!
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