Chez Alexandre Arcady, il y a les "Le grand pardon", "le coup de sirocco", "l'union sacrée" et même "dernier été à Tanger" où on sent le souffle épique, où on voit des acteurs se bouger, où il y a du message délivré qu'on apprécie ou pas.
Et puis il y a "Comme les cinq doigts de la main" où l'histoire raconte une vengeance vingt ans après. Entre des gitans et des pieds noirs juifs. Pourquoi pas.
Là où ça dérape sec, c'est que les pieds noirs (je fais court, très court) s'allient avec les flics contre les gitans (ces derniers ont tué 2 flics il y a quelque temps). Pour le moment, je dirais : pourquoi pas. Mais vous savez quoi, les flics, commandés par une commissaire (d'ascendance algérienne, kabyle ou arabe) (voyez le symbole) passent l'éponge sur la vengeance exercée dans le dos de la police. Alors là, moi je dis non. Complètement invraisemblable. Il y a quand même des règles qu'on peut dans une certaine mesure rendre élastiques mais pas à n'importe quel prix, ni n'importe comment dans un pays de droit. Et puis, désolé, l'acte de passer l'éponge sur une affaire au départ de stups ou de grand banditisme mais qui conduit à un carnage, surtout en l'absence ou à l'insu des forces de l'ordre, ne me semble pas être du ressort d'un seul commissaire.
De plus, en voyant ce cafouillage en grand, un esprit chagrin pourrait même penser que juifs et arabes font ce qu'ils veulent impunément : bravo pour le message !
Et tout ça pour rien parce que le vrai coupable du crime effectué vingt ans auparavant n'est pas le gitan mais celui qui le commanditait alors et qui est juif lui-même. Ça, c'est une bonne idée mais qu'il aurait fallu travailler un peu plus.
Au début de notre affaire, celui des cinq frères qui a mal tourné, se retrouve en prison, y rencontre le gitan (le même qu'il y a vingt ans), s'allie avec lui (trafic en tous genres, hold-up, drogue, etc ...) pour le trahir et le donner à la police ultérieurement (pourquoi, diantre !) mais n'oublie pas d'empocher le fruit d'un hold-up (qui profitera à la famille ultérieurement à éponger leurs dettes et à vivre heureux). C'est quand même de la chance, ça !
Bref, je dirais qu'il y avait peut-être de bonnes idées au départ du scénario mais elles n'ont pas été suffisamment travaillées pour aboutir à quelque chose de crédible.
Ensuite le casting :
Françoise Fabian tire bien son épingle du jeu en mère juive et reste crédible.
Michel Aumont, en vieil homme, ami de la famille, oui, pourquoi pas. Le personnage reste quand même un peu bâclé sur le fond.
Patrick Bruel est patron d'un restaurant chicos ; rien à dire, plutôt pas mal ; par contre son jeu "je t'aime moi non plus" avec sa jolie épouse est clairement nul. C'en est au point que j'avais compris au début qu'il était divorcé et harcelait son ex comme dans "l'union sacrée". Mais non, c'est juste pire.
Les autres acteurs sont insignifiants et, là encore, mal dégrossis : par exemple le pharmacien, perclus de dettes alors qu'il ne donne franchement pas l'impression de faire des folies de son corps à part de faire des enfants à sa femme et de prier pieusement et d'observer tous les rites. Ce n'est pas vraiment la catégorie socio-professionnelle que je verrai en faillite par les temps qui courent. Il faut qu'on m'explique.
Bien sûr, le film est correctement réalisé, on ne s'y ennuie pas, les actions s'enchainent, il y a de la belle musique, lacrymale quand il faut, folklorique quand il faut, il y a des petits numéros d'acteur ici et là : c'est juste que je ne crois pas à l'histoire ; et cette invraisemblance déjà mentionnée me gâte complètement la dégustation du film.