Le cinéma de Podalydes est toujours bercé d'une certaine légéreté, tinté d'un côté saugrenu qui rendent les films et ses personnages attachants, comme un doux moment d'ivresse, où l'on ne fait pas attention ou tout cela peut nous mener.
Rappelons nous de ce plan dans Dieu seul me voit (Versailles-Chantiers) (1992) absolument hallucinant d'une brigade de CRS installée sur une balançoire, de ce père de famille sur les nerfs, se rêvant capitaine au long cours à bord de son petit dériveur dans liberté Oléron (2001) ou encore les pompes funèbres très haut de gamme que tient Michel Vuillermoz dans Adieu Berthe, l'enterrement de mémé (2012). Et bien, ce nouveau film de Bruno Podalydes ne dérogent pas à cette régle, avec un peu plus de légèreté peut être.
Pour situer, il s'agit ici de Michel, interprété par le réalisateur lui-même, cinquantenaire ayant une vie tranquille, un bon boulot, une femme (Sandrine Kiberlain) qu'il aime et plus d'enfants a élever. Mais voila, Michel est un rêveur, se parlant à voix haute, plutôt matos (vous comprendrez en allant voir le film) et une grande passion pour les avions. Jusqu'ici tout va bien, mais lors d'une réunion Rémi son supérieur, interprété par Denis Podalydés que l'on a plus souvent l'habitude de voir en personnage principale dans les films de son frère, apprend a ces employés ce qu'est un palindrome, Michel a une révélation. « Il y a kayak en palindrome ». Ne souhaitant pas partager sa passion des avions alors qu'on lui a offert pour son anniversaire un baptême de l'air, il trouve dans le kayak une passion à son niveau. Il décide alors de partir. Il s'organise fait des listes, lit le manuel des castors juniors, construit son kayak et voila le film qui nous emmène dans l'aventure d'un Pierrot lunaire ayant atteint l'âge de la cinquantaine, qui ne part pas trop loin, mais muni d'une envie irrépressible de changement.
Dans cette excursion, Michel va finalement ne pas aller si loin, et découvrira un endroit idéal pour les envies qui l'animent. Et c'est à ce moment du film que l'on sait que la légèreté sera le ton durant tout le film. Mais ce n'est pas ici une légèreté qui rend ennuyeux chaque plans. La légèreté est ici synonyme de douceur, de farfelu. Podalydés traite, par cette comédie, le thème de la crise de cinquantaine mais n'en fait pas pour autant un film lourd de sens, plein de pathos. Non, ici, c'est à une douce escapade où nous invite le réalisateur et on se laisse bercer au fil de l'eau.