Depuis l’énorme succès d’Un jour sans fin, le film de boucle temporelle est quasiment devenu un genre en soi au cinéma. On en trouve à toutes les sauces : comédie romantique dans Palm Springs, science-fiction de guerre dans Edge of Tomorrow, Slasher avec Happy Birthdead… Et désormais film de bureau avec Comme un lundi !
Comme c’est traditionnellement le cas avec les boucles temporelles, il s’agit pour ces six employés d’une agence de communication qui gravitent autour de leur patron de la pire semaine de leur vie. Nous les trouvons en effet au plus fort du rush, alors que plusieurs dossiers aux deadlines imminentes sont sur le feu et que nos employés font face à une certaine pression de la part des clients. En cette semaine du 25 octobre, tout va mal.
Outre les dessous d’un film gentiment fantastique, on retrouve avec Comme un lundi le rapport très spécial que les Japonais entretiennent avec le travail. Un rapport qui apparaît pour nous autres européens attaché à notre droit du travail comme particulièrement incongru. En effet, notre petit groupe, qui semble crouler sous le travail, ne prend pas de pause et va même jusqu’à dormir au bureau pour bosser jour et nuit. Une semaine sans sortir de son lieu de travail : le film est ainsi pensé comme un complet huis clos. Sauf qu’arrivé au lundi, tout est à refaire !
Comme un lundi est le premier long métrage de Ryo Takebayashi et se veut concis. Avec sa durée sous la barre des 1h30, le film va droit au but. L’hypothèse de la boucle temporelle est presque d’emblée évoquée (au bout de 7 minutes de film). Le film surprend en ce sens : généralement, il faut une éternité aux héros pour comprendre qu’ils sont piégés dans les méandres du temps. Ici au contraire, la chose est presque d’emblée acquise. Lorsque Akemi prend conscience du retour dans le temps lors du 2e lundi, cela fait déjà plusieurs semaines que certains de ses collègues sont bloqués. Ils ont déjà eu le temps de comprendre le jeu temporel dont ils font l’objet. Le mordant du film réside ainsi plutôt dans la manière dont les protagonistes vont bien pouvoir sortir de cette boucle.
J’ai particulièrement aimé le générique du début, qui joue adroitement sur les codes du genre pour gagner l’attention complète du spectateur en quelques secondes. En revanche, malgré sa courte durée, j’ai trouvé que le film s’essoufflait assez vite. Le long métrage n’évite pas l’écueil de la sensation d’une intrigue répétitive. Bien que la répétition soit l’essence même d’un film de boucle temporelle, il doit toujours y avoir suffisamment de nouveauté à chaque boucle pour empêcher le spectateur de s’ennuyer. Dans Comme un lundi, malheureusement, la répétition est assez lourde, l’intrigue redondante. Peut-être s’agit-il surtout d’un manque de péripéties et de rebondissements.
Pourtant, bien qu’aucun de soit une tête d’affiche, les acteurs sont globalement convaincants. J’ai particulièrement aimé l’image du patron, parfois paternaliste, mais toujours un peu largué.
En revanche, si la fin tourne au feel good movie plutôt bienvenu, la morale me semble assez discutable :
Pour vivre heureux (et sortir de la boucle temporelle), il faut réaliser le plus grand rêve du patron et faire publier son manga. Cette vision du saint patron me gêne : à aucun moment, il n’est question du bien être des salariés et de leur propre bonheur.
Comme un lundi n’est certes pas le film de l’année mais reste une petite comédie fantastique gentillette sans prétention. Sorti en 2022 au Japon, rien d’étonnant cependant à ce que le long métrage ait mis plus de deux ans à trouver le chemin de nos écrans...