Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri s'y entendent pour composer (écrire et jouer) des caractères intéressants, des types sociaux simples et cohérents dont on suit l'évolution dans une intrigue minimaliste, fondée sur la parole plus que sur l'animation formelle. Leur scénario, récompensé à Cannes, n'a en effet rien de mouvementé ou d'ébouriffant; il est brillant dans la réunion de personnages disparates, plus ou moins importants, mais toujours justes.
"Comme une image" s'articule autour de deux personnages prépondérants, un père et sa fille, dans leur relation inaboutie. Lolita vit mal l'indifférence aimable de son père, romancier et éditeur connu autant que type égocentrique. Affirmés ou suggérés, la rancoeur et le (mauvais, parfois) caractère de Lolita sont le moteur d'un sujet où les auteurs s'amusent à exposer pour chacun des personnages les failles et les défauts qui conditionnent les rapports sociaux. Les traits sont pertinents, les dialogues incisifs, caustiques, suivant une précision qui permet d'échapper à la caricature et qui produit des figures amusantes autant qu'attachantes, précisément, par leurs défauts courants.