Super-héros à la française.

Ouvertement conçu par ses auteurs pour être le premier film de super-héros français (alors qu'il y en a eu un en 2015, Vincent n'a pas d'écailles, déjà avec Vimala Pons), l'histoire se passe dans un 2020 alternatif, où les pouvoirs existent au sein de la population. Un flic, joué par Pio Marmaï, s'allie avec Pons afin de lutter contre un trafic de super-pouvoirs.

Comme souvent, ça ne sent pas très bon lorsqu'un projet à l'origine destiné au cinéma échoit en fin de compte sur Netflix, après des mois de reports dû au Covid. Tout le monde ne s'appelle pas Les Mitchell contre les machines, à proposer des idées neuves, car il n'y a pas une idée, un plan qu'on n'ait déjà vu quelque part mais en mieux. Le budget ne doit pas tout expliquer, notamment d'être aussi radin en effets spéciaux ou alors quand il y en a, ils sont brefs, mais comment alors expliquer qu'on a l'air de tomber parfois sur un film social, notamment Leila Bekhti qui est terriblement fausse en professeure de sport, et qui sort des mots aussi ridicules que daronne pour faire 2021. Quant à Pio Marmaï, on comprend très vite, car il fait la tronche, qu'il a un trauma qui lui pèse, et que Vimala Pons, qui n'a pas ici le pouvoir de la caresse la plus longue du monde, en pince pour lui. Reste Benoit Poelvoorde qui semble s'amuser, avachi sur un fauteuil, et dont son pouvoir est de se téléporter, ce qui lui évite ainsi de trop se fatiguer ; s'il fait 50 pas dans le film, c'est le bout du monde. Enfin, le méchant joué par Swann Arlaud en fait des caisses dans la caricature, je me serais au moins attendu qu'il rigole tout en balançant des éclairs.

Il y a un mélange entre super-héros et film social qui ne marche pas, et il est difficile d'accrocher tout court à ce film dont les personnages paraissent quasiment tous antipathiques. Mais la plus grande menace est qu'une suite pourrait arriver : un film comme Logan ne débordait pas d'effets spéciaux, mais racontait quelque chose dans un univers plausible, et avec des personnages écrits; là, on rêverait en fin de compte à un film de super-héros signé Philippe Garrel, ça serait moins ennuyeux que ça...