A première vue il est facile de passer à côté de Comment je suis devenu super-héros, encore un film qui baigne dans l’omniprésente culture Marvel et DC, mais cette fois à la française. Et pourtant le film est fort sympathique et mérite qu’on mette de côté nos aprioris, quels qu’ils soient. Je ne sais pas si je les aurai dépassés en cas de sortie cinéma, on va donc dire que c’est le bon côté de la situation qui aura forcé ce film à être distribué sur Netflix et non sur nos écrans.
Le postulat se rapproche de celui de la Série The Boys, à savoir un monde où les super-pouvoirs sont devenus courant, et qu’en découlent de nombreuses conséquences dans notre quotidien. Le super-héros n’est donc plus un justicier issu d’une élite au service d’une cause, il peut être flic, prof, présentateur météo, dealer… Ici on n’est cependant moins sombre et moins cynique que dans la série d’Amazon, mais cette banalisation du super-pouvoir a quand même des aspects intéressants : que fait-on des super-héros qui deviennent moins bons, comme Monté Carlo et son Parkinson ?
Côté déroulé de l’intrigue, c’est une histoire policière relativement classique, qui a pour grosse faiblesse un antagoniste aux motivations un peu floues qui est juste « méchant » — même si Swann Arlaud est un bon choix de casting. Après un démarrage fort et un enchainement rythmé et original, le final revient un peu trop dans les clous du genre avec grosse bagarre et happy end.
La force du film de Douglas Attal s’est d’avoir les moyens de ses ambitions : pas de gros budget, alors on serait sobre en effets spéciaux, mais ça fonctionne bien. Le casting est également très sympa, bien équilibré et les acteurs s’amusent et y croient, et ça se voit. Y a une belle alchimie entre eux.
Maintenant, c’est quoi un film de super-héros français ? Je ne sais pas si la question à vraiment du sens, on pourrait se demander ce qu’est un film français, ou simplement c’est qu’est un bon film qui arrive à se démarquer. D'ailleurs, on devrait même se poser la question à l'inverse, qu'est-ce qu film e super-héros non-américain ? On avait déjà eu des exemples européens comme On l'appelle Jeeg Robot, où le super-héros est avant tout un homme comme tout le monde, avec ses forces et ses faiblesses. Déjà c’est un film plus réaliste, où on ne sauve pas le monde à coup de grosses bastons mais où on sauve déjà les gens du quartier de la petite criminalité. C’est aussi un film où on ne sacrifie pas le réalisme sur l’autel de l’efficacité et où les personnages se disent bonjour et sont de vraies personnes. Je vous renvoie sur cette BD de Boulet qui traite des séries américaines et me fait toujours beaucoup rire. Et même si les deux héros principaux finissent par s’embrasser ça marche parce qu’il y a une belle tension entre eux tout au long du film, pas juste parce que c’est ce qu’on fait.
Le film n’est pas parfait, les combats sont un peu mous, il y a des faiblesses et failles de scénario (je renvoie à l’écriture du méchant citée ci-dessus), et quand même un gros plantage côté bande-son. En voulant copier le style musical américain, on se retrouve avec une musique bien trop épique pour certaines scènes mais également sans originalité. Mais dans l’ensemble, Comment je suis devenu super-héros est un petit film devant lequel on passe un moment agréable. On espère juste qu'il n'engendrera pas de suite, comme suggéré à la fin.