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Rien ne sera jamais fatalité devant les grands artistes. Le sujet de Brechner, ce sont ici les otages politiques durant la dictature urugayenne, des martyres qui n’ont jamais été vaincus parce qu’ils n’ont pas baissé les bras – du moins, c’est le filon hyperdramatique que l’œuvre exploite, mais son réalisateur non plus n’a pas renoncé devant l’aspect biopic, convaincu qu’il pouvait y immiscer sa griffe en se dégageant de toutes les influences qui font pression sur l’histoire vraie sociopolitique – en tout cas en apparences, mais qu’est-ce qu’un film sinon cela ? Il a assumé de ne cinématographier que le superficiel, & le reste a suivi.
C’est en prenant ainsi son art à bras le corps que Brechner arrive à la pureté, n’essayant pas de maquiller le fait que son scénario condense douze ans en deux heures ; au contraire, cela lui permet de proposer au spectateur un concentré dramatique tout à fait à propos, où les douleurs physiques & mentales confondues deviennent les yeux par lesquels on voit se dérouler non pas la monotonie, mais la répétition du monde carcéral.
Le thème du cercle, évoqué par le plan d’introduction & les boucles psychotiques qui hantent les prisonniers, est une pirouette élégante qui sert d’évitement à la redite pure & simple. Son décor planté, Brechner peut se permettre de laisser s’exprimer un enthousiasme qui semble l’avoir suivi tout au long du processus créatif & qui l’a conduit à faire s’imbriquer les scènes les unes derrière les autres de la plus belle manière qui soit, presque comme s’il avait visualisé tout son film dès la première seconde & que tout le monde s’était soumis à ses idées.
Un rendu fluide, un sound design épatant qui alterne acouphènes & tendresse feutrée, tout y est pour mener le spectateur à une porte de sortie simple, mais que justement, on n’a pas cherché à sophistiquer.
Créée
le 26 mai 2020
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