Un conseil : si vous comptez le voir, surtout ne rien savoir ni voir de ce film avant d’entrer en salles pour maximiser les nombreuses surprises qu’il vous procurera! Le réalisateur de l’excellentissime film horrifique « Barbarian », qui nous avait surpris il y a deux ans, produit ce « Compagnon », premier film très réussi de Drew Hancock. On y parle d’un sujet très à la mode, en l’occurrence l’intelligence artificielle par le biais des robots humanoïdes, potentiels futurs aides domestiques et plus si affinités de nos foyers du futur. Et pour être encore plus actuel, le film se pare d’une réflexion sur la masculinité toxique et les rapports hommes-femmes plutôt bien vue, même si pas vraiment originale à l’heure actuelle où ce genre de thématiques pullulent dans un film sur dix et encore, on est gentil. Mais ce n’est pas grave quand c’est bien amené et de façon peu conventionnelle comme ici. Vous l’aurez compris, voilà donc un long-métrage étonnant. Il prend la forme d’un film de genre qui mélange les genres et se positionne comme une série B qui sort des sentiers battus et prend de nombreux chemins de traverse.
On pense à un mélange réussi entre le prétentieux (et un chouïa surcoté?) « Ex Machina » de Garland avec ses considérations bienvenues et intellos sur l’intelligence artificielle et le navet « M3GAN » produit par Blumhouse et sa poupée robot qui part en sucette. Un croisement qui prendrait les meilleurs aspects de ces deux films, entre saillies de violence jubilatoires, pointes d’humour noir, du fond bien amené et pas mal de suspense avec des rebondissements en pagaille. Et même si l’ambiance et la tonalité sont aux antipodes, le doux souvenir de l’excellente série avortée « Westworld » et ses robots dotés de conscience nous traverse également et vaguement l’esprit. Le film n’est certes pas parfait mais on pardonne volontiers ses quelques défauts pour sa fraicheur et son côté constamment ludique. C’est un peu lent le premier quart tout comme le dernier acte est peut-être de trop (malgré une mise à mort dont on se souviendra, totalement jouissive) et il faut avouer que la mise en scène est soignée mais tout de même plutôt impersonnelle. Mais ces menues réserves sont minimes comparé au plaisir que l’on prend à suivre cette histoire pleine de surprises.
Et des twists et des revirements inattendus, il y en a dans « Compagnon ». En veux-tu en voilà même. Mais sans jamais que ce soit excessif ou surchargé comme récemment dans l’abominable et totalement incohérent « Trap » de Shyamalan. Le premier d’entre eux est connu si on a lu le synopsis (donc, encore une fois, ne lisez rien) mais les suivants s’enchaînent à bon rythme et pertinence et nous réjouissent de façon constante. Impossible de soustraire de la sympathie qu’on éprouve pour ce film la prestation haute en couleurs de Sophie Tatcher qui s’empare de ce rôle peu commun avec naturel et brio. Elle prouve, après le moyen « Heretic » et la géniale série « Yellowjackets », qu’elle est comme un poisson dans l’eau dans l’univers des œuvres de genre. Bien troussé et rythmé, on dévore donc ce petit film sorti de nulle part avec appétit et beaucoup de plaisir. C’est aussi léger que mordant, aussi original que maîtrisé et c’est la parfaite séance de cinéma du samedi soir, au sens noble du terme.
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