Companion
6.4
Companion

Film de Drew Hancock (2025)

Les thrillers cassent la baraque sur Netflix, l’IA est à la mode, le féminisme (pas trop réfléchi) aussi. Le quasi inconnu Drew Hancock s’est senti pousser des ailes d’auteur, et il a écrit et réalisé Companion, un film conçu pour capitaliser sur toutes ces tendances positives. Il a malheureusement jugé que laisser de côté toute ambigüité, toute complexité, toute liberté pour le spectateur de réfléchir à ce qu’on lui montrait, était inutile, ce qui réduit son film à un thriller, certes occasionnellement excitant, mais qui passe à côté du potentiel de son sujet.

Et son sujet, quel est-il ? Eh bien, voilà l’histoire de Josh, un incel pathétique (Jack Quaid, à la fois dans la lignée de et en contre-emploi par rapport à son rôle dans The Boys), qui n’a qu’Iris dans sa vie. Mais Iris est un « fuckbot » (un robot animé par l’intelligence artificielle dont la fonction est de satisfaire les célibataires désespérés) : ce n’est pas un spoiler, même si ça devrait l’être, puisque l’affiche du film dévoile elle-même le pot aux roses, ce qui n’est pas très intelligent, non ? Et donc Josh monte un plan « diabolique » pour utiliser Iris dans le but de s’enrichir en piquant son fric à un Russe trop vulgaire pour mériter d’être aussi riche. Le reste, c’est l’histoire du film, là encore « spoilée » partiellement dès la première scène (encore une preuve de manque d’intelligence, non ?).

Bon, Companion, avec ses twists et ses jeux de manipulation, est un thriller divertissant. Très divertissant même. Jusqu’à ce qu’il ne le soit plus du tout, à force que son scénario empile les retournements de situation, les coïncidences bien arrangeantes, les personnages secondaires qui ne sont là que pour faire avancer le film dans la « bonne direction ». Trop, c’est trop, le pacte de crédulité finit par se rompre. Il aurait été « intelligent » d’en faire moins pour marquer plus l’esprit du spectateur, mais Hancock n’a clairement pas ce talent là.

Là où Companion en irritera plus d’un, c’est qu’il donne finalement l’impression que toute cette histoire est bel et bien une construction manipulatrice pour démontrer que les mecs (même gays, pour le coup…) sont des ordures, et que la toxicité masculine a de beaux jours devant elle (ce qui doit être vrai, vu ce qui se passe dans pas mal de pays en ce moment…). Là où il décevra les cinéphiles, c’est sa faiblesse quant on le met en perspective avec des films comme le AI de Spielberg ou le magnifique Ex Machina d’Alex Garland : même avec des idées intéressantes comme celle de la programmation « variable » du robot, clairement sous-utilisée (et même pas logiquement !), ou comme celle de l’humanisation de l’IA sous l’influence de l’amour, Hancock en reste à des années lumières des films mentionnés…

Il reste une raison valable d’aller voir ce Companion, c’est la cinégénie de Sophie Thatcher, vue récemment dans Heretic, actrice de théâtre pour le moment cantonnée au cinéma de genre : cette jeune femme a à la fois la grâce et le talent pour jouer des choses beaucoup plus intéressantes.

[Critique écrite en 2025]

https://www.benzinemag.net/2025/02/03/companion-de-drew-hancock-incel-0-ai-0/

EricDebarnot
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Eric BBYoda

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