Companion par Ezhaac

Pas évident de parler de Companion sans en spoiler le thème et sa plus grosse surprise. D'ailleurs, si vous avez le moindre intérêt pour le film, restez le plus loin possible du crime de guerre qui lui sert de bande-annonce, et évitez de trop en lire, car c'est aussi facile de le gâcher que Le Sixième Sens.

Une autre option à considérer consiste à ne pas regarder le film, et ainsi gagner 1h37 que vous pourrez avantageusement investir dans Prédestination (2014, 1h37), Reservoir Dogs (1994, 1h39) ou Shaun of the Dead (2004, 1h37).

Car si j'ai plutôt passé un bon moment devant Companion, c'est un cas d'école du "petit film correct" qui ne décolle jamais. C'est un divertissement honnête, avec une réalisation efficace, mais sans génie, quelques bonnes idées et bons moments, mais aussi son lot de temps mort, malgré un petit format. Le casting est sympa, avec quelques seconds rôles qui sortent du lot, comme le flic ou Serguei qu'on voit malheureusement trop peu.

Plus grave, le film foire régulièrement son timing comique et sur-explique ses blagues, pour s'assurer que vous avez bien compris. Il n'est ni assez drôle ni assez subversif pour laisser une impression durable, et pas assez fou pour choquer ou surprendre au-delà de sa première demi-heure.

Sous ses discutables étiquettes d'horreur et de thriller, le film a envie de parler de tout autre chose et fait passer son message avec la subtilité d'un 38 tonnes. Comme The Substance, il y a quelques mois, la pertinence du propos n'excuse pas un flagrant manque de finesse d'écriture ou d'ambigüité dans les personnages. En nuançant suffisamment son script pour laisser le spectateur arriver à ses propres conclusions plutôt que lui tartiner sa morale au visage, on aurait eu un film bien plus convaincant et moins démonstratif.