Encore un film qui s'ouvre lentement sur une locomotive arrivant en gare, avec quelques décennies de décalage et d'électrification, par rapport au mythique train de la Ciotat des frères Lumière. Comme si le cinéma remuait une glaise fondamentale, un minerai biographique, celle du voyage, du noir et de la poussière, un alliage de rêve et de poisse, auquel les individus se laissent prendre, déprendre.
On est en 65, le train couchette de Marseille arrive en gare de Lyon, c'est l'époque où y ' avait pas 36000 types de trains, les rapides, les patachons,et les trains couchettes... Ceux de la nuit, du confinement, des regards, des silhouettes qui se croisent avant le sommeil, que le crime visite dans un même compartiment...
Costa Gavras, on le sait, a visé juste dans ce premier film, issu de ce polar éponyme devenu très vite culte de Sébastien Japrisot, compartiment tueur (écrit trois ans auparavant, et rapidement célèbre).
A bénéficié d'un truchement incroyable de potes et de monstres du cinéma à la fois presque graines de célébrités et couple de stars et sa fillote (Montand, Signoret, Allégret). Piccoli surjouant un détraqué sexuel, Trintignant en chat et souris avec une Signoret déjà vieillissante mais sublime, allongée dans sa couchette. Perrin en jeune resquilleur tout à fait frétillant. Mondy et Montand se renvoyant la balle d'une enquête policière tortueuse. Denner en prophète anti-système en son pays. Bernadette Lafont, Daniel Gélin... Ect...
On croise Françoise Arnoul, José Artur, Marcel Bozzuffi, Claude Berri dans le Paris sombre et crasse de l'époque, avec une photographie très contrastée de Jean Tournier, cela emmené par une musique envoutante de Michel Magne..