Ultra gore, ultra violent, ultra queer, "Conann" n’est certainement pas à mettre devant tous les yeux… C’est pourtant un objet cinématographique incroyable, où Mandico réinvente des mondes confinés, avec toujours ces paillettes de lumière sur certains plans. Alors que "Conan" était le symbole de l’invincibilité, "Conann" est montrée à différents âges, vieillissante, offerte en pâture à un groupe d’artistes dans une scène d’anthologie que ne renierait pas Julia Ducourneau. C’est aussi le film le plus politique de Bertrand Mandico, hommes de pouvoir ridiculisés, évocation de la guerre avec un clin d’œil appuyé à Liliana Cavani et son "Portier de nuit", le Bronx comme une scène de théâtre chorégraphiée… Il y a d’autres références cinématographiques, l’expressionnisme allemand et particulièrement le "Metropolis" de Fritz Lang, on peut penser également au dernier film d’Alexeï Guerman "Il est difficile d’être un dieu", et bien sûr à Guy Maddin. La caméra véloce et souple embrasse les scènes avec une grande virtuosité. C’est un film en noir et blanc … et rouge. Je n’avais jamais vu de tels inserts extrêmement rapides, comme les flashs de l’appareil photo du personnage incroyable de Rainer (un hommage à Fassbinder ?). Bertrand Mandico , dont c’est le troisième long-métrage, est vraiment le poil à gratter du cinéma français. Mais bon sang, qu'est ce que cela fait du bien de voir des films de cinéma, certes pas des futurs téléfilms, tellement radicalement différents du reste de la production. Il faut dire qu'en ce moment, de ce côté du cinéma, je suis plutôt gâté :)