Après A l'ouest, rien de nouveau, le cinéaste allemand Edward Berger s'est trouvé un nouveau défi à sa démesure, avec Conclave, lui dont les précédentes réalisations étaient largement passées sous les radars. Mais une histoire de papauté, qui plus est une élection d'un nouveau souverain pontife, c'est forcément un sujet porteur, celui d'un monde clos dont tout un chacun brûle de connaître les secrets et, évidemment les turpitudes. Conclave répond parfaitement à son cahier des charges dans une atmosphère de thriller religieux et surtout politique assumé, Berger citant Alan Pakula comme référence. L'écriture du film est ciselée, ménageant ses rebondissements avec précision et caractérisant ses personnages, sans craindre de les faire frôler la caricature, les uns dans le camp des conservateurs et les autres dans celui des réformistes. L'occasion de dresser un catalogue quasi exhaustif des difficultés rencontrées ces temps derniers par l’Église, sans approfondir outre mesure, car cela serait au détriment du rythme du long métrage. Reste que c'est la description de ce microcosme des cardinaux, avec leurs failles très humaines, qui fait l'intérêt de Conclave dont on ne pourra qu'apprécier la pertinence du casting, avec un Ralph Fiennes des grands jours. Quant au dénouement, venu de nulle part, il est à la fois abracadabrant, d'une ironie folle mais surtout diablement (?) culotté et suffisamment provocateur pour alimenter de rudes débats. C'est vraiment bien joué.