Il est des films si quelconque et lisse qu'ils se sentent obligés d'y ajouter du sensationnalisme et du choc pour se différencier. Quand aucun plaisir n'est boudé pour une oeuvre qui suit un chemin tout tracé, une fin inattendue et très peu nécessaire comme une suite de Gladiator peut gâcher l'expérience de plus d'un spectateur.
Conclave respecte absolument tout le cahier des charges du thriller : une atmosphère pesante, des visages fermés, des retournements de situations et une bonne mise en scène. Tout fonctionne pour nous emmener dans cette élection cruciale pour le futur de l'Eglise.
Les performances des acteurs sont à relever avec le très shakespearien Ralph Fiennes (tout acteur ayant joué Shakespeare gagne +1000 aura sur ce compte). Visage décontenancé, dans le doute constant et credible en leader malgré lui, la force du film est tenue dans son rôle principal qu'on a envie de suivre.
La mise en scène tout en maitrise arrive à nous plonger dans l'univers avec des plans larges sur une assemblée de croyants qui nous rappellent les meilleurs moments de la Conspiration du Caire. Une des prouesses du film est la reconstitution du saint-siège dans les studios de la cinecitta : les décors sont bluffants.
Malheureusement, Conclave n'existe pas en tant qu'oeuvre unique puisqu'il se contente de cocher les cases du thriller qu'on aime le dimanche soir au fond de la couette.
Comme dernière case cochée, le plot twist final, dernier climax pour la jouissance finale des fans du genre.
Bien qu'elle puisse dénoncer ou révéler les absurdités de l'Eglise catholique, cette fin ne nous amène jamais à réfléchir sur l'état actuel de cette religion mais semble exister pour emmerder les cathos et faire réagir. On peut laisser de coté la vraisemblance d'une telle révélation, c'est tout le principe derrière qui gêne : on va faire une fin sensationnelle et ça va faire son petit bout de buzz. En lisant certaines critiques sur ce site, on voit que ça a bien marché... "Le wotikan", "une fin honteuse"... ne vous trompez pas, il s'agit encore d'un coup de ces satanés cheveux bleus : les wokes ont encore frappé !!!
Au lieu de porter à reflexion, le film va encore nous envoyer à une division et une impossibilité de dialogue avec une partie de la population qui sera encore plus intolérante d'une quelconque idée de progressisme. La fin dessert donc toute l'idée que le réalisateur semblait se faire et gâche aussi mon plaisir personnel.
Quand on fait un thriller simple et efficace, il faut parfois savoir rester dans sa zone de confort et ne pas vouloir diffuser un maladroit message engagé qui va, une nouvelle fois, desservir notre cause.