Conclave
6.7
Conclave

Film de Edward Berger (2024)

Le pape est mort. Des cardinaux du monde entier sont rapatriés au Vatican, afin de choisir son successeur. Un pitch qui ne m'intéresse à aucune seconde sur le papier... et pourtant. Conclave, c'est le film que t'as la flemme d'aller voir, t'imaginant un gros pavé chiant comme la pluie, et qui ne cesse de te passionner pendant ses 2 heures.

Edward Berger revient deux ans après À l'Ouest, rien de nouveau (multirécompensé aux Oscars), et ne fait que confirmer son talent de cinéaste. L'esthétique du film est magistrale, avec une minutie assez remarquable dans la composition de l'image. Les plans splendides défilent, teintés d'un éclairage et de couleurs très marquées (opposition permanente du rouge vif, du bleu roi et du blanc pur). Mais le long-métrage impressionne tout particulièrement par sa maîtrise du cadre hallucinante, créant une véritable sensation de gigantisme christique au sein de décors écrasants.

Le huit-clos est rythmé à la perfection, bien aidé par un découpage chirurgical, en plus de performances d'acteurs parfaites. L'œuvre prend rapidement la tournure d'un véritable jeu de piste, extrêmement ludique pour son spectateur, quoique bien trop prévisible sur son issue. Mais en réalité, ce n'est clairement pas ce qui intéresse le cinéaste.

Edward Berger chausse ses plus gros sabots, et enchaîne les résolutions scénaristiques improbables, du jeu de Cluedo dans la pièce du pape, à la lumière divine qui s'invite de force dans le Conclave. Mais surtout, un plot twist final complètement invraisemblable. Une pirouette scénaristique très grossière, mais qui scelle selon moi toute la volonté du réalisateur. À l'image de cette grande farce cérémonielle et institutionnelle, rien de tout ça ne doit être pris au sérieux. Le cinéaste convoque et réunit dans ce conclave tous les plus gros clichés de la magouille : manipulations, chantages financiers, accusations sexuelles, le tout saupoudré d'idéologies fascistes. Tout ce petit monde est tourné en satire, et rabaissé à de bêtes politicards, chacun manipulant son prochain pour assouvir sa soif de pouvoir. Un égoïsme et une perversion d'autant plus risibles, placés en contraste avec les valeurs de la Bible : l'amour du prochain, l'honnêteté, et la tolérance.

En bref, une caricature jubilatoire de l'Eglise et de son hypocrisie, dans laquelle chacun prêche pour sa paroisse. Littéralement.

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8
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le 10 déc. 2024

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