"Le pape est mort, vive le pape."
Le film Conclave, sorti en salles le 4 décembre 2024, réalisé par Edward Berger, m’a laissé une impression mitigée. Adapté du roman éponyme de Robert Harris, ce long-métrage nous plonge dans l’univers mystérieux de la papauté en suivant les intrigues autour de l’élection d’un nouveau pape. Avec un casting prestigieux réunissant Ralph Fiennes et Stanley Tucci, il promettait une expérience captivante. Pourtant, après visionnage, je reste partagée.
Des attentes refroidies
Annoncé comme un thriller, Conclave installe un huis clos sombre et oppressant qui maintient une tension palpable pendant ses 120 minutes. Mais malgré cette atmosphère soigneusement construite, le film échoue, selon moi, à tenir pleinement ses promesses. La bande-annonce laissait entrevoir des révélations fracassantes, des conspirations obscures et des secrets profondément enfouis dans les coulisses du Vatican. Hélas, ce souffle dramatique attendu manque cruellement de puissance. Si le décor et l’ambiance sont impeccables, le suspense, lui, peine à décoller. On reste sur sa faim, frustré par l'absence de dénouements percutants ou de moments véritablement haletants. C’est regrettable, car tout semblait réuni pour offrir un thriller ecclésiastique mémorable.
Du silence à l'explosion
Pourtant, Conclave n’est pas dénué d’intérêt. Pendant une bonne partie du film, on découvre à travers les intrigues du conclave une critique acerbe de l’Église et de ses rouages. Corruption, mensonges et rivalités entre cardinaux sont exposés dans un cadre imprégné de traditions rigides. Cette représentation met en lumière l’hypocrisie de certaines pratiques électorales dans un système prétendument moral et basé sur la dignité.Le film évoque également la déconnexion de ces institutions avec le monde moderne, un décalage illustré, par exemple, par l'image des cardinaux utilisant des cigarettes électroniques au sein du conclave. Ce portrait va au-delà de la seule Église, questionnant plus largement nos systèmes électoraux contemporains, souvent marqués par des stratégies de vote visant à bloquer un adversaire plutôt qu’à soutenir un candidat. Une critique qui résonne particulièrement dans le contexte politique actuel.
Un final audacieux
Mais c’est véritablement dans son dernier acte que Conclave surprend. La révélation finale – l’élection d’un pape hermaphrodite – donne une nouvelle dimension au film. Ce twist audacieux dépasse la critique des protocoles obsolètes pour s’interroger sur la place des femmes (et, par extension, des minorités) dans les sphères religieuses.Ce choix narratif a suscité des réactions polarisées, certains y voyant une provocation "wokiste". Pour ma part, je considère cette fin comme une conclusion audacieuse et nécessaire. Elle interpelle sur les questions d’égalité et de modernité dans des institutions figées, tout en résonnant avec des enjeux sociétaux plus larges.