Adapté du roman du même nom de Robert Harris, l'adaptation est bien digne d'intérêt.
Bien que n'ayant pas lu le livre, je trouve que ce qui ressort de ce long-métrage d'Edward Berger est un agréable mélange de suspens et d'art.
Art dans le sens où, malgré la complexité du sujet abordé, le réalisateur a su conduire d'une main de maître l'histoire dans laquelle il nous embarque délicatement. L'alchimie cinématographique, de très bonne facture, nous plonge donc aisément dans les coulisses d'une élection papale.
La mise en scène, qui possède de très jolis plans de caméra, demeure sobre, tout comme les vœux pieux de celles et ceux qui vouent leur vie à l'amour de Dieu. Le scénario lui est vraiment passionnant. Les dialogues sont riches et variés et font vivre tous les personnages, récurrents comme secondaires. La résultante de cette belle qualité est que le spectateur s'intéresse à presque l'entièreté des personnages que nous présente ce charmant "Conclave".
Le rôle des cardinaux votants est tellement grand que l'on voit bien, dans cette histoire, qui possède de l'ambition et un égoïsme assez grand pour ne voir personne d'autre que lui dans le rôle du Saint-Père ; et qui fait tout pour essayer de faire valoir le choix le plus objectif qui bénéficiera au plus grand nombre. Car, en effet, représenter tous les chrétiens du monde est loin d'être une mince affaire.
Au-delà de la religion, l'évènement du conclave se change en un huis clos oppressant quand l'on remarque à quel point les manigances deviennent de plus en plus sournoises et que, malgré l'unique semaine d'une cohabitation aussi exceptionnelle que stressante, l'on voit que les convictions politiques et le passif de chacun des cardinaux jouent un rôle suprême quant à la nomination d'un nouveau chef religieux.
Pour ce qui est des décors, nul besoin de fonds verts ni d'absurdes artifices. Les travaux de Michel-Ange, Bramante, Le Bernin ou encore Maderno font très bien l'affaire. Comme quoi, il n'est pas forcément besoin de fiction pour observer les parcelles de beauté disposées aux quatre coins du monde.
En termes de jeu d'acteur, le casting entier émerveille. Du cardinal Lawrence (Ralph Fiennes) à sœur Agnès (Isabella Rossellini), en passant par le cardinal Adeyemi (Lucian Msamati), l'ensemble des comédiens nous immerge d'autant plus dans cette ambiance si particulière que peut revêtir celui d'un conclave apostolique.
"Conclave" représente donc, à mes yeux, un film à part entière. Son caractère exceptionnel et travaillé ne peut que me pousser à écrire qu'il vaudrait un petit détour dans votre emploi du temps.