La grande gueule Alain Soral a pondu là son seul et unique film, avant qu'on le chasse du cinéma comme il dit. On y voit une nostalgie d'un certain cinéma français, aujourd'hui révolu. Saïd Taghmaoui incarne avec enthousiasme le nouveau Belmondo. A part ça les rôles de Thomas Dutronc, en bourge coincé, aurait pu être plus étoffé. C'est normal, nous dira-t-on, car Soral se reconnaît sûrement plus dans le personnage de Taghmaoui et qu'il méprise sans doute assez le personnage de Dutronc. Soral veut quelque part prouver que la drague est un art en voie de disparition et on veut bien le croire, mais il aurait pu actualiser un minimum ses références, et caricaturer un peu moins les femmes et les riches. Il ressort de cette tragi-comédie un goût amer, des héros qu'on a appris à aimer dans la première partie du film qui se révèlent progressivement des anti-héros opportunistes. Mais où est l'avenir dans ce film ? C'est pas optimiste, mais c'est tout de même beaucoup plus divertissant qu'un bon paquet de films français à l'heure actuelle. Ceci dit, on était en droit d'attendre plus de transgressions de Soral (dans le registre de la drague, il y avait matière) plutôt que ce retour suranné et nostalgique au cinéma d'antan.