Mélodrame judiciaire, Confession d’une épouse accueille sur le banc des accusés Ayako Takigawa, jeune femme poursuivie pour le meurtre de son époux lors d’une sortie en haute montagne à laquelle participait également Osamu Koda, son amant supposé. L’enjeu de son procès est d’évaluer le degré d’intentionnalité de son geste. A t-elle effectivement sectionné la corde qui la reliait à son mari, alors suspendu dans le vide, avec l’intention de le tuer ? Ou par instinct de survie afin de ne pas être entraîné avec lui dans sa chute ?

Le réalisateur Yasuzo Masumura met rapidement en place son cadre judiciaire, rythmé par les traditionnelles interventions de l’avocat de la défense et du procureur face aux témoignages des différents experts appelés à la barre. Ces séquences, d’une grande rigueur intellectuelle et formelle, sont de loin les plus passionnantes du film. Mais le réalisateur est également intéressé par le versant intime de l’affaire : la relation ambiguë qui lie l’accusée à Osamu et les conséquences du procès et de sa médiatisation sur la vie personnelle de l’accusée occupent ainsi une bonne part du long métrage. Se dévoilent alors la détresse sentimentale et la vie conjugale d’Ayako, révélant peu à peu les coulisses d’un mariage malheureux aux côtés de cet homme, un illustre universitaire alcoolique, tyrannique et brutal, qu’elle a épousé bon gré mal gré. Ces séquences, qui renseignent autant qu’ils jettent le trouble sur les intentions de cette veuve, souffrent malheureusement de l’interprétation son actrice star, Ayako Wakao, trop maniéré et outrancière à mon goût.

En creux, Confession d’une épouse dresse donc le portrait peu enviable de la condition féminine au Japon. Un des premiers experts interrogés reprochera d’ailleurs à l’accusée de ne pas avoir suivi son mari dans la mort ainsi que l’aurait fait une bonne épouse. Une déclaration cinglante qui, bien que suivie par les rires d’une partie de l’assemblée, en dit long sur le système patriarcal nippon. Ayako est ainsi constamment soumise aux jugements d’autrui, particulièrement des hommes. Idée qui s’exprime par le cadrage, la composition et la mise en scène, d’une absolue clarté, de Yasuzo Masumura. Cet incident alpin devient même une allégorie de ce triangle amoureux ; Ayako, encordée entre son époux devenant un poids mort, et celui qu’elle aime en secret.

La fin tragique de Confession d’une épouse, qui vient astucieusement renverser les rôles, confirme les velléités existentialistes de Masumura sur ce film passionnant à bien des égards.

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