En terminant le film, j'avais complètement oublié que c'était Patrice Leconte qui en était le réalisateur et pensais sans arrêt à Claude Chabrol, auquel l'étude de mœurs lui allait comme un gant.
Tout commence par une méprise ; celle d'une femme qui, croyant aller chez un psy, se trompe de porte, et atterrit chez un conseiller fiscal, et sans que ce dernier ne puisse avoir le temps de lui dire qu'elle n'est pas chez la bonne personne, écoute les confidences de cette patiente un peu particulière.
Incarnée avec talent par Sandrine Bonnaire, qui la joue de manière à ce qu'on croit qu'elle paraisse mythomane, qui semble créer une forme d'étourderie, cette femme est un véritable moulin à paroles, ne laissant guère l'occasion au pauvre Fabrice Luchini (très bien d'ailleurs) l'occasion de rectifier cette erreur.
Lorsque cette méprise sera réparée, il se crée comme un jeu de manipulation entre l'homme, qui ne comprend pas pourquoi la femme tend à rester alors qu'elle sait qu'il n'est pas un psy, et elle qui veut créer un climat de confiance, d'apaisement.
Tout le film joue dan cette manipulation très Chabrolienne au fond, avec un travail intéressant sur le personnage de Luchini, qui semble n'être jamais sorti de son appartement, a récupéré le bureau de son père lui-même jadis conseiller fiscal, et la même secrétaire qui tape encore à la machine, et qui regarde le soir des VHS tout en restant en costume. Le film repose beaucoup sur cette intemporalité, comme pour signifier que cette histoire est au fond universelle, celle d'une femme qui veut se confier, car son mari n'a plus de désir pour elle.
Le reste du casting est lui aussi de qualité (Anne Brochet, Michel Duchaussoy...), mais on sent le travail de Patrice Leconte à la réalisation, lui qui tient toujours le cadre, filme souvent ses scènes caméra à l'épaule, et qui semble caresser Sandrine Bonnaire. Mais il est vrai qu'on sort très peu de cet appartement, au point qu'on aurait pu en tirer une pièce de théatre.
Le film est au fond une bonne surprise, créant ses exigences du fait de l'unité de lieu très réduit, mais se suit avec plaisir, grâce notamment à ses interprètes principaux.