Confidences trop intimes est un film qui ne manque pas de qualité, la première étant de partir d'un postulat peu réaliste (une femme qui veut consulter un psy et se trompant de porte, se retrouve à parler de son intimité à un conseiller fiscal...qui, bien sûr, ne révèle pas sa véritable identité) et d'arriver à le rendre crédible. Beau tour de force, dû à la qualité de ses interprètes mais également à une ambiguïté savamment distillée. Un film qui arpente le fil entre paroles et fantasme, désir et interdit et d'en franchir subtilement les frontières. Leconte, bien inspiré, filme tantôt cette histoire comme un thriller hitchcockien (les scènes d'intérieur) et tantôt dans l'urgence de scènes filmées à la dérobée, comme si un voyeur observait en permanence les protagonistes (les extérieurs). Dommage que le cinéaste n'assume pas jusqu' au bout ses choix esthétiques, préférant ajouter quelques touches de comédies un peu hors de propos, une volonté inconsciente de faire dans le feel good movie (Luchini dansant comme Hugh Grant dans Love actually ; le personnage de Gamelon, beauf caricatural ; celui d'Urbain Cancelier, claustrophobe trop marqué comédie). Dommage aussi que le message soit un peu simple : libérez-vous de votre passé pour être vous même !
Car, et ce n'est pas un mal, Confidences trop intimes ne vire pas dans le thriller mais dans une tendre histoire d'amour en creux, faite de non-dits avec une Bonnaire brillante de naturel et un Luchini, qui pour une fois écoute plus qu'il ne parle : engoncé dans une vie aussi triste qu'un col amidonné, il arrive à se libérer de ce carcan. Un Monsieur Hire qui réussit en somme, pourquoi pas !