Si le pari de Connasse, Princesse des cœurs est réussi, c’est qu’il parvient à séduire au-delà des fans de la vignette humoristique de Canal. Même sans avoir jamais été totalement emballé par le programme court (trop provoc gratuite, parfois même un peu lâche dans le choix des proies et la gestion du danger, tendance à la facilité), le film en lui-même force le respect. Le passage sur grand écran conserve en effet ce qui faisait la force des pastilles TV en les intégrant dans une histoire bien écrite, au fil conducteur original, parcourue par de vrais personnages. Connasse n’est pas une succession de sketchs en caméra caché, mais un vrai long-métrage qui s’appuie sur le procédé pour construire sa narration. Le mérite en revient d’ailleurs aux réalisatrices, qui ont l’excellente idée d’utiliser également des caméras cachées pour des scènes de flash-back ou de rêves, comme dans une comédie classique. Contre toute attente cette mise en scène, associée au fait que l’action se passe en Angleterre, terrain de jeu vierge et plein de promesses pour notre Connasse, donne à Princesse des cœurs une amplitude que n’avait pas le programme court et confère une légitimité au projet. Car Connasse conserve bien heureusement toute son irrévérence et son humour couillu et malpoli, incarné magistralement par Camille Cottin, qui semble avoir gagné en assurance depuis ses passages sur Canal. Plus posée, plus directe, plus concises, ses saillies sont d’autant plus drôles et imparables qu’elle les assène avec un aplomb redoutable. Cette fille est décidément une bien étonnante actrice. On aime beaucoup.