Avant d'être le réalisateur fétiche de la saga Hunger Games en reprenant le flambeau de Gary Ross, Francis Lawrence avait déjà bouffé de l'adaptation en ayant mis en scène Je suis une légende et De l'eau pour les éléphants. Mais c'est en jouant avec un comics qu'il s'est fait les dents : Constantine.
Bien loin des adaptations hollywoodiennes classiques avec ces héros en collants, Constantine a également l'ambition d'être distrayant, mais sans être particulièrement énergique, le réalisateur préférant adopter un ton plus sombre, empruntant un certain aspect du film noir.
Si cette histoire d'exorciste - chasseur de démon - voulant racheter sa place au paradis est en partie réussie, c'est bien grâce à son sérieux et à l'abandon de l'idée d'un humour extravagant. Ce qui laisse place à un univers gentiment démoniaque, où on prend son temps pour instaurer une ambiance oppressante qui s'avère finalement assez mature pour le public visé. En effet, l'appréhension du diagnostic de Constantine ou la mort de son ami par son illusion à travers l'alcool sont assez percutants.
Cependant le film n'échappe pas à ses clichés, notamment avec ses personnages aux destinés trop complaisantes vis-à-vis du thème. On sait pertinemment que malgré les difficultés tout va bien se passer, que si quelqu'un meurt on aura le droit à ses braves derniers mots ou à un indice majeur, sans compter sur le fait qu'il n'y aura aucun innocent de tué.
Oui, le film peut créer quelques frissons mais on sent bien le côté hollywoodien, ce qui engendre des facilités rarement crédibles et des incompréhensions. Ces démons, ces anges, qui peut les voir ? Dans la scène d'introduction, la famille voit le démon et subit le maléfice, alors qu'ensuite on affirme que seule une minorité a le don de les voir. What the hell ?
La réalisation elle, est pleine de bonne volonté, les cadres sont pleins d'idées, il y a un côté esthétique surprenant d'aussi bonne fracture que les effets spéciaux, dont les scènes de l'enfer vont rester dans les mémoires à l'instar de la pub télévisé quand on était marmot. Cependant, il y a quelques incohérences comme lors du visionnage du suicide par la caméra de surveillance… qui suit le personnage ! Sacrebleu, ça devrait être interdit des erreurs comme ça, ça mérite un cou de feu grégeois.
Le film est tout beau, extrêmement prenant par l'originalité de son sujet, et ne manque pas de temps forts. Si l'on aime ce genre de trame, l'ennui ne se fait jamais ressentir. Le point fort est donc forcément ce côté aussi divertissant qu'intriguant, voire inquiétant. Point fort, qu'est aussi un léger point faible. En effet, on a l'impression que l'action si cool soit-elle, se déroule dans un cercle de 500m² où il suffit de deux minutes pour se trouver à l'action suivante, avec les personnages qu'il faut, sans se donner la peine de les chercher.
Constantine joue également très bien de ses clichés pour en détourner d'autres, avec ces anges pas toujours angéliques et ses démons pas toujours démoniaques qui font plaisir. Alors qu'à d'autres moments on reste dubitatif avec des facilités comme le pouvoir de John de pouvoir calculer l'entre-deux, de la vie et la mort, via la noyade ou l'électrocution.
Facilement contestable, la première œuvre de Francis Lawrence est sincèrement une œuvre réussie, aussi rafraîchissante que surprenante, presque intelligente où l'on notera une envie de magnifier le personnage de Constantine aussi réussie que maladroite, à l'instar des moments où il fume sa clope qui montre qu'avoir la classe ne vaut pas forcément le coup si c'est pour choper un cancer des poumons. Ce côté anti-tabac est tout autant intéressant que maladroit, car appréciable pour notre jeune public, mais vraiment lourd pour quiconque de plus âgé.
Bien qu'il ait de nombreux défauts convenus, ce film est divertissant, presque d'enfer. Au diable les mauvaises critiques. De plus, ça n'a pas mal vieilli Constantine, nope.