Steven Soderbergh (Ocean's eleven, Solaris) a un style étrange, à mi-chemin entre le documentaire, le film d'auteur et le blockbuster. Clairement, le casting de Contagion ainsi que son synopsis auraient fait un très bon film catastrophe, mais c'est filmé façon documentaire et on évite surtout les moments mélodramatiques ou une musique prenante à la Zimmer, qui aurait pu mettre en relief une quelconque tension. Cela pourrait paraitre comme un défaut ou un manquement du réalisateur, mais c'est bel et bien volontaire.
En résulte un film à l'esthétique plaisante mais qui a le cul entre deux chaises. On comprends la menace du virus, mais Soderbergh opte pour une approche totalement détachée. Frappé par la stupeur, c'est à peine si Damon est convainquant lorsqu'il perd sa femme et son fils. Jude Law se balade tranquillement en combinaison NBC au milieu des corps qui jonchent les rues San Francisco, pas étonnant, il voudrait tirer profit de ce mal. La caméra nonchalante de Soderbergh semble vouloir dédramatiser l'événement, avec un regard froid et distant pour le rendre plus insidieux.
On a quand même quelques haut le cœur lorsque la malheureuse Gwyneth Paltrow se fait autopsier le crâne à l'air, se faire décapiter hors champs dans Seven ne lui a pas servi de leçon, l'œil du réalisateur est ici chirurgical. Une meilleure hygiène dans un restaurant à Macao aurait pu la sauver, serrer la main à un cuistot qui venait de dépecer un cochon infecté par un virus issu d'une chauve souris était fort malencontreux...
Le message de Soderbergh devient finalement limpide. Tous ces acteurs de la A-list, Matt Damon, Jude Law, Gwyneth Paltrow, Kate Winslet, Laurence Fishburne, Marion Cotillard, ne sont pas seulement des acteurs ultra célèbres, mais simplement des hommes et des femmes ordinaires et vulnérables, il les descend de leur piédestal face à cette menace. Un bel anti-blockbuster sur un sujet sérieux qui aurait pu plaire à Cannes.