Comme tous les films prémonitoires, il est clair que le regard sur "Contagion" a considérablement changé depuis que la réalité a rattrapé la fiction. En l'occurrence, un scénario sur une pandémie mondiale, inspiré du SRAS de 2003 et de la grippe aviaire de 2009, qui s'avère être une représentation fidèle de la gestion de l'épidémie du covid-19 de 2020/2021 !
Paranoïa. Relations tendues entre diplomates, militaires, politiques, industriels et scientifiques. Quête et distribution difficile du vaccin, confinement, gestes barrière, gel hydroalcoolique, pillages, complotistes et affabulateurs, poids des réseaux sociaux, propos anti-vaccins, "perte" de l'adolescence pour les jeunes... Presque tout y est, avec 10 ans d'avance ! Ne manquent que les bagarres autour du papier toilettes, et la proportion de personnes anti-vaccins, beaucoup plus faible en 2011 qu'en 2021...
Cela témoigne du sérieux et de la perspicacité dont on fait preuve les scénaristes. Au-delà de ça, il s'agit d'un thriller choral bien huilé. De multiples personnages, incarnés par une distribution 4 étoiles, qui dopent l'intrigue sans perdre le spectateur. Une mise en scène volontairement froide pour renforcer le réalisme du film.
Et surtout, une tension qui monte crescendo. La musique synthétique et les petits focus sur les zones de contamination aidant à cela. On ne se perd jamais, les enjeux sont clairs et concis. Du bon thriller médical, du bon Soderbergh.