Multipliant les alter-egos du cinéaste, les plans de lectures, les fictions dans la fiction, la confusion entre elle et le réel qui se propose pourtant au spectateur comme une fiction, les repères géographiques comme des jeux de miroirs déroutant, Conte de cinéma interpelle, surprend, déroute (dans sa tendance au voyeurisme), jouant sur une corde grave (la mort, omniprésente, la solitude, la souffrance, celle des corps plus que celle des coeurs), loin de l'habituelle (mais pas non plus systématique) légèreté de son réalisateur.
Film ultra-méta dans lequel Hong Sang-Soo pousse au plus loin la mise en abîme du cinéma dans la réalité et son intelligente écriture, ce Conte (comme un hommage, s'il en fallait un de plus, à Rohmer) est un petit film dramatique aux allures labyrinthiques qui ne dévoile sa vraie saveur que dans ses derniers instants, lorsque, comme souvent, se cache derrière le portrait d'hommes lâches et tristement sûrs d'eux, celui d'une femme actrice, d'une muse, qui dirige finalement bien plus que l'auteur ne semble le croire.
La femme comme une tour, horizon permanent.
Une actrice est une femme comme les autres.