Le cinéma c'est la vie or la vie c'est de la merde, donc le cinéma c'est de la merde
Un formidable syllogisme, pour commencer la critique -action égoïste de la pensée- d'un film de Hong Sang-Soo ; Cinéma bien planqué-bien logorrhée. On va s'étouffer dans cet entre-soi cinéphile qui va de soi, le cinéma d'un coréen qui m'émeut et par quelle diablerie ? D'abord parce que j'aime ces petits réalisateurs, ces petits moyens mais dont la volonté esthétique dépasse tout. Pour être simple (j'ai assez péché d'intellectualisme) il y'a un film dans le film ; la première partie est censée être un film qui ressemble étrangement à la vie et à la deuxième partie.
Oui, tous ces moments ou tu t'identifies à ce misérable garçon, ou cette fille un peu amoureuse, le raté, l'amant dansant sur plage et la vie qui avançait tranquillement ; En pensée rien n'est plus dur que de décrire le sentiment de déjà vu. En tout cas Soo réussit avec brio a poser des images sur ces vrais-non-moments. Tu sais, quand tu rencontres une fille qui te fais penser à une actrice dans un film que tu as vu, que tu l'aimes sans limite, parce que le plaisir de réaliser un rêve est sans limite. C'est ce qui se passe dans Conte de cinéma, il va même coucher avec elle répétant inlassablement qu'il l'aime -vainement- ; le mal est fait : terrible malheur que d'apprendre que le désir se meut dans son impossibilité.
Hong Sang-Soo aime t-il le cinéma ? Est-ce une non-déclaration d'amour au cinéma ? Et si l'art nous éloignait de la vie -devons nous jeter à la poubelle ces théories sur la sublimation de l'art ?- Il est une abstraction qui m'est impossible d'ignorer, me rend particulièrement inquiet : un air de déjà vu. C'est la crainte de tout amateur, tu aimes un vin, tu aimes un peu trop le vin à ne plus pouvoir devenir saoul : ce vin est fade. C'est donc la crainte du critique, à force d'avoir tout vu, atteindre la modique somme de 5000 notes sur Senscritique, le cinéma me sera t-il toujours aussi agréable ?
En tout cas tant que Hong Sang-Soo demeure..