A Los Angeles, Charles Serking, poète alcoolique, traine son mal-être d'une bouteille à l'autre, d'une femme à l'autre. Sa rencontre avec une prostituée mal en point sera-t-elle une éclaircie dans l'existence erratique et stérile du poète?
L'extravagance et l'outrance courantes de Marco Ferreri ne sont pas réellement de mise ici. Le cinéaste filme ses personnages sobrement, épouse leur désenchantement, voire leur nihilisme, par une mise en scène non pas tant austère que discrète, modeste.
Quoiqu'on n'en connaisse pas les clés psychologiques, la "folie ordinaire" de Serking, sans doute considérant la vie absurde et sans intérêt, se manifeste surtout dans ses relations avec les femmes. Celles-ci ne sont pas flattées ici; névrosées, vulgaires et même traitresses, elles sont un vain échappatoire pour Serkin, comme apeuré par l'amour et la beauté que parait personnifier l'énigmatique Cass-Ornella Muti.
Ben Gazzara est très bien dans le rôle du poète éteint, mi-égaré, mi-ironique; mais son personnage, pas plus que les sombres idées qu'il porte, ne détermine une dramaturgie très riche.