La Grande Entourloupe

J’ai pu assister à la projection en avant première du film en présence de Claire Bonnefoy et des acteurs. Ma critique est donc éclairée par les divers commentaires de la réalisatrice.

Claire Bonnefoy raconte qu’après avoir lu La Grande Entourloupe de Roald Dahl étant enfant, elle a voulu y répondre aujourd’hui en tant que femme. Pour l’histoire, c’est un court récit qui raconte comment deux amis vont se faire passer l’un pour l’autre pour coucher avec la femme de l’un et l’autre. La nouvelle a été publiée en 1974 dans Playboy. A l’ère de MeToo, ça ne passe pas.

C’est donc en réponse à cette nouvelle que Claire Bonnefoy nous livre une comédie noire d’un peu moins d’une heure quinze. C’est une proposition singulière sur les violences sexistes et sexuelles, prenant la forme d’un marivaudage moderne.

L’écriture du scénario s’est fait sur la base d’un travail d’improvisation avec les acteurs. Et ce n’est pas fameux. Certains dialogues ne sont clairement pas suffisamment travaillés. Il y a aussi les quatre apartés en face cam, censés donner un temps d’avance au spectateur sur le récit, qui finissent par être de simples fioritures pour meubler le film.

J’ai beaucoup aimé le personnage d’Agathe (Flore Babled). C’est le plus ambivalent, dans le sens où elle évolue et dévoile des reliefs de sa personnalité tout au long du jeu. Pour les autres, et surtout celui de Mélissa (Inas Chanti), c’est un carnage. Très mal joué et assez creux.

C’est dommage, parce que c’est un film qui a du potentiel. Il y a une volonté d’aborder des sujets difficiles dans le couple, autour des notions de désir et de consentement. Il y a aussi ce sujet central qui est celui des fantasmes. Comme dirait Agathe dans le film, « certains fantasmes doivent rester des fantasmes, et rien que cela ». C’est ce qui aurait du arriver avec l’idée de ce film, une idée, et rien que cela…