J’ai décidé d’aller voir *Contes du hasard et autres fantaisies* pour deux raisons principales. La première est plutôt classique. Le visionnage de la bande-annonce m’a intrigué. J’ai été captivé par les différentes héroïnes et curieux de connaitre leurs destinées respectives. La seconde est plus cinéphile. Le fait que ce film soit réalisé par Ryusuke Hamagushi a alimenté mon attirance pour lui. En effet, un de mes regrets de l’année dernière est de ne pas avoir su trouver le temps pour aller voir *Drive my car* au cinéma. Avec *Contes du hasard et autres fantaisies*, je m’offrais une nouvelle chance de découvrir l’univers de ce talentueux artiste japonais.
Comme le titre le laisse supposer, le film est composé de plusieurs histoires. Elles peuvent se découvrir de manière indépendante. Cette structure génère une certaine densité narrative que j’ai trouvé agréable. En très peu de temps, le scénario nous présente des personnages et des enjeux, fait naitre un suspense assez intense pour mener à un dénouement très attendu. Le risque de ce découpage aurait pu être que le spectateur voit son intérêt varier d’un conte à l’autre. Cela n’a pas été mon cas. Je suis tombé sous le charme de chacun d’entre eux sans aucune difficulté.
Le premier acte débute par une discussion entre deux amis à l’arrière d’un taxi. L’une d’entre elles a récemment fait la rencontre d’un homme qui lui a fait passer une soirée merveilleuse. La manière avec laquelle elle décrit les échanges et les échanges vécus lors de ce moment unique fait naitre une intensité sensorielle et quasiment érotique assez impressionnante. Pourtant le film n’a commencé que depuis quelques minutes. A ce moment du film, deux chemins narratifs semblent possibles. Le premier mène à un conte de fée idéal. Le second prend des routes plus arpentées et mène à la désillusion de la jeune amoureuse car son prince n’est pas peut-être pas celui qu’il prétendait être. Pourtant, c’est une troisième voie que va emprunter le scénario. Cette route s’appuie sur le hasard de la vie et fait naitre une force dramatique et un suspense à l’histoire que je n'avais pas anticipé. L’intrigue est alors captivante et prenante jusqu’à son dénouement. Je me suis laissé happé par le destin des protagonistes et me suis pleinement investi émotionnellement dans le devenir de leurs destins. Une belle réussite…
Le deuxième acte nous plonge dans un tout autre univers. On assiste à l’humiliation d’un étudiant par un de ses enseignants. La scène est dure. Il n’est donc pas surprenant que ce jeune homme soit habité par un fort sentiment de vengeance à l’égard de son tortionnaire. Pour cela, il sollicite l’aide de sa maîtresse. Il lui demande faire succomber le professeur à ses charmes et d’enregistrer la scène. Le garçon est, au final, secondaire dans l’intrigue. L’essentiel de la dramaturgie se construit autour des échanges entre la jeune femme et l’universitaire récemment honoré d’un prix littéraire. Là encore le réalisateur mêle suspense, tension et érotisme. Le dénouement est à la fois attendu et appréhendé. Il s’agit d’une histoire qui ne laisse pas indemne.
Le dernier acte se construit aussi autour du hasard à travers deux femmes qui se croisent sur un escalator vingt après avoir quitté les bancs du lycée. Depuis, elles ne s’étaient plus revues. Leurs retrouvailles sont touchantes mais elles ne sont que la partie visible de l’iceberg narratif offert par le scénario qui une fois encore saura nous captiver en nous surprenant et en chamboulant notre regard sur cette histoire. Je ne vous en dévoilerai pas davantage mais sachez que cet opus est à la hauteur des deux précédents. Ce n’est pas le moindre des compliments à mes yeux.
Le risque dans ce type de film est la potentielle inégalité de qualité d’une histoire à l’autre. Hamagushi ne tombe pas dans cet écueil. Il offre trois petits bijoux et autant de grands moments de spectateurs. Je ne peux que vous inciter à aller voir cet opus. Vous ne regretterez pas le voyage. Les rencontres qui agrémenteront votre séance ne vous laisseront pas indemnes…