Ferrucci et Turini disaient en 1995 : "Le mécanisme du cinéma des frères Taviani procède de la récupération du passé et des histoires racontées au coin du feu". Ces cinéastes leurs donnent pleinement raison vingt ans plus tard en réalisant Contes Italiens, fresque inspirée du Décameron de Boccace. Le tandem italien revient dans le passé (XIVème siècle) pour nous parler du présent grâce à un scénario brillant. Cinq nouvelles, dans un film sublime.
Les frères Taviani reviennent encore très fort avec cette célébration de l'art. La technique cinématographique, tout à fait aboutie, délivre une photographie exceptionnelle et rend compte de la magnificence des décors italiens. Elle se conjugue admirablement bien avec cette mise en scène théâtrale. Comédie et tragédie s'alternent dans ce récit flamboyant, véritable ode à la femme et à l'amour. Cette œuvre prouve l'indéfectible universalité du sentiment amoureux, ce feu passionnel qui traverse les âges sans perdre la moindre de ses étincelles.
Inspirées librement du Décameron, on peut se demander en quoi ces fables vieilles de presque mille ans peuvent intéresser un spectateur de 2015 ? Parce que cette peste peut servir de parallèle à la crise économique qui nous touche en ce moment. Intolérance sociale, hypocrisie religieuse ou maltraitance sur les femmes sont des thèmes qui font parfaitement écho à l'actualité. L'amour de la narration enfin, est à glorifier, car n'importe quelle histoire mérite d'être racontée. Pour un cinéphile insatiable pouvant passer son existence devant un écran, les frères Taviani viennent, avec Contes italiens, de leurs offrir le Graal.
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