Désabusé, vous avez dit désabusé ?
Ca aurait pu être la comédie romantique de base. Ca aurait pu. Oui, mais c'était sans compter sur l'idée géniale du splitscreen, qui dynamise le film de manière significative. Ce n'est qu'un long dialogue, dans le fond, ça pourrait être lourd, mais il n'en est rien, parce que les éventuelles longueurs n'en sont pas grâce à ce fameux splitscreen. On y voit ce qui s'est passé, ce qui aurait pu se passer, ce à quoi ils pensent, ... et surtout, on voit qu'ils ont beau être ensemble, ils sont séparés. Chacun reste dans son monde, séparé de l'autre par un mur invisible (au hasard, 10 ans de séparation ? un remariage avec des enfants ? une réflexion pragmatique sur l'amour ?). Puis ça permet de voir en permanence les deux acteurs, de voir leurs réactions aux répliques de l'autre, c'est vraiment un plus.
Après, il y a le cynisme dont ils font preuve qui est à la fois très savoureux à regarder, tout en étant, dans le fond, assez triste. Il y a une sorte de mise en abyme, dans le film, des comédies romantiques classiques : d'abord parce que toutes les scènes habituelles (approche, séduction, danse, nuit d'amour, déclaration, etc.) ont déjà eu lieu, puisque les protagonistes étaient ensemble par le passé. Ensuite parce qu'ils revisitent ces mêmes lieux communs avec un humour mordant, réaliste, qui donne tout son piquant au film.
J'ai trouvé Helena Bonham Carter particulièrement touchante dans son rôle de femme de 40 ans désabusée, mais qui a encore des côtés de jeune fille, dans un brin de folie et de spontanéité, dans quelques rêves qui subsistent, malgré tout. Son jeu était juste, comme tout le reste, en fait.