Harry Caul est chargé d'enregistrer secrètement la conversation d'un couple au milieu d'une foule.
Son devoir de technicien lui demande de s'en arrêter là, restituer le plus intelligiblement possible la conversation et ne pas chercher plus loin. La matière est l'élément essentiel, le sujet ne doit pas être exploré, tout ça le dépasse complètement.
Mais sa condition d'être humain ne peut lui faire ignorer le sujet de la conversation. Sa curiosité et sa conscience le pousseront forcément à vouloir agir moralement. Il est alors tentant de penser avoir l'oreille absolue, pouvoir tout entendre, donc tout comprendre, et pouvoir agir en conséquence.
Harry ne veut plus répéter les mêmes erreurs que dans son passé et cherche le salut à travers son intervention dans l'histoire de ce couple. Cependant, il ressemble plus à ce clochard du square somnolant dans le parc, qui ne fait qu'entendre sans comprendre ce que ce couple raconte.
Et cette incompréhension risque bien de le faire chuter de la condition divine et héroïque à laquelle il est contraint d'aspirer, de ses valeurs morales qui peuvent in fine entraîner plus de mal que de bien.
Alors comment faire pour ne pas perdre la foi ? Comment se retenir de fracasser cette statuette de la Vierge, qui pourrait bien être la cause paradoxale de tous ces problèmes ?
En attendant sa fin, il ne lui reste plus qu'à souffler dans son saxophone. Il en a fini d'utiliser la matière sonore à des fins destructrices. Seule la pureté de la musique demeure. Mais un air de lamentation plane.