Revu en 2004, "Conversation Secrète" est bel et bien un chef d’œuvre, l'un de ces rares films à la croisée du thriller paranoïaque américain et du cinéma moderne qui resplendissait alors en Europe (on peut même penser à Antonioni pour la magistrale gestion du vide). Il constitue aussi un précieux témoignage de cette période trouble (les années Watergate), en même temps qu'il semble clore une certaine idée d'un cinéma politisé aux Etats-Unis comme reflet de la crise identitaire américaine : Coppola allait passer à des films plus ambitieux, mais finalement moins subtils et moins visionnaires (le pressentiment d'une ère de contrôle médiatico-technologique est ici particulièrement pertinent), et l'Amérique des décades suivantes oublierait la pertinence de tels films, tranchants et gracieux, engagés et splendidement auteuristes à la fois. [Critique écrite en 2004]