La carrière d'Hilary Swank est d'une limpidité quasiment effrayante. Oscarisée à la fois pour son rôle de transsexuelle dans Boys don't cry puis dans le Million Dollar Baby de Clint Eastwood, elle a prouvé à maintes reprises qu'elle pouvait titiller nos glandes lacrymales. Depuis, elle n'a eu de cesse de couler, cherchant à appliquer les mêmes recettes mélo sur des films parfois tragiques, souvent glauques frisant parfois avec les limites du ridicule.
Conviction était attendu, le passage au grand écran de Tony Goldwyn, réalisateur des deux premières saisons de Dexter et son scénario en béton armé tiré d'un fait divers, permettait qu'on y place quelques espoirs légitimes. Devenant avocate pour sauver son frère en prison d'un meurtre qu'il n'a pas commis, Betty Anne Waters (Hilary Swank) réussit le sacrifice ultime : celui de sa vie personnelle pour sauver celle de son frère rongé par la violence.
Et puis le mélo...Conviction aura le mérite de ne pas avoir tenté de créer une nouvelle Erin Brokovich, l'humour et la fraîcheur en moins, le film préfère se prélasser dans les contrées obscures du pathos plutôt que de donner au spectateur quelques bouffées d'air salutaire. L'avocate "seule contre tous" et le pauvre innocent condamné à mort empruntent donc des chemins balisés, d'autant que la relation fusionnelle frère-soeur alourdit encore la narration par des flashbacks incessants où on retrouve pêle-mêle des embrassades, chamailleries et autres éléments d'affection servant à nous guider vers les voies finales de la larme.
Quelques scènes plus tard, on nous raconte l'histoire de cette soeur courage prête à aller au bout de sa volonté pour sauver un frère à la dérive. En préférant la narration à l'introspection, Tony Goldwyn réussit à nous prouver que si le cinéma a beaucoup apporté aux séries le contraire n'est pas aussi évident. Pendant 1h50, le panel d'émotions rendu à l'écran par les protagonistes atteint péniblement le chiffre de 3 et le continent de l'ennui accueille un nouveau film dont les dernières minutes devant un lac et quelques notes de piano arracheront au mieux quelques larmes aux lecteurs de Glamour et autres collégiens révoltés par l'injustice.