Même si l'on adore les westerns, force est de reconnaître que c'est un genre qui avait du mal à vraiment se renouveler, c'est pourquoi il prit fin à partir des années 60, avec les westerns spaghettis comme ultimes chefs d’œuvre.
Convoi de femmes propose une expérience plutôt singulière, très originale pour un western. Il raconte l'histoire du périple d'un convoi de femmes quittant leur pays pour vivre en Californie. Seulement, une fois l'océan traversé, il reste 3 000 dangereux kilomètres à parcourir. Cette aventure périlleuse, où beaucoup y laisseront la vie, permet surtout de valoriser la place de la femme dans un genre plutôt réservé aux hommes.
Dès le départ, les hommes font part de leur réelle détresse due au manque de femmes. Il y a quelque chose de bestial dans cette envie, et ils nous confirmeront par la suite cette faiblesse que constitue leur instinct. Les femmes sont quant à elles bien plus stoïques, elles ne sont pas mues par les mêmes motivations que les hommes, et font preuve de patience ainsi que d'un courage bien supérieur à celui des hommes.
En fait, elles deviennent l'homme. Elles portent des pantalons, tirent au fusil, se battent aux poings et donnent vraiment de leur personne, faisant preuve d'une force physique à toute épreuve.
Mais elles gardent évidemment tout ce qui fait d'elles des femmes. Durant la scène où une femme accouche dans une charrette bancale, celles-ci sont alors soutenues par les autres femmes, au sens propre et figuré, montrant ainsi toute leur solidarité et leur instinct maternel. Cette scène est particulièrement magnifique et riche de sens.
Avec un scénario brillant, toujours assez palpitant, de beaux décors, quelques actrices superbes (notamment Hope Emerson, intransigeante, déjà présente dans Madame Porte la Culotte, autre film défenseur de la place de la femme) ainsi que les valeurs qu'il prône, Convoi de femmes vaut largement le détour, d'autant plus qu'il se détache un peu des westerns habituels. On regrettera seulement quelques faiblesses dues à l'époque, comme les mortes dont la poitrine trahit la respiration, ou encore le personnage au nom abrégé de Ito, le sidekick rigolo japonais qui doit répéter tout ce qu'il dit et qui finira seul... Si les valeurs du film sont louables, il y a encore un petit bout de chemin à parcourir.