Henry Selick est de retour avec sa « Coraline », et ses voyages dans le fantastique n’auront jamais été aussi horrifiques. Alors, bien sûr, ce film d’animation est à destination des enfants (et aussi des grands), mais attention aux cauchemars, car il s’agit avant tout d’un gentil film d’épouvante. L’histoire traite de la solitude et du sentiment d’abandon et de manque d’intérêt que peuvent ressentir les enfants ayant des parents trop occupés. Coraline découvre un passage secret dans sa nouvelle maison qui mène à un monde parallèle ou elle fait la connaissance d’une nouvelle version de sa famille, tout à fait charmante et disponible envers elle. La question est de savoir ce qui se cache derrière ce bonheur idyllique tant espéré, ce miracle n’est-il pas en réalité un mauvais sort ?
Le film ne manque pas de qualité, premièrement et pas des moindres, le scénario est très bien ficelé et fait preuve d’une grande imagination. Il nous invite à visionner le film une seconde fois pour comprendre toutes ses subtilités. Le contexte philosophique de fond est très agréable, traité de façon à ce que même les plus jeunes le comprennent. On parle ici de solitude, de limite tangible entre la réalité et le rêve (ou le cauchemar), en gros : du rêve au cauchemar, il n’y a qu’un pas. Il évoque aussi le désire et le contentement de ce que l’on a. Tout est très bien pensé, et amené avec justesse.
L’ambiance du film est aux petits oignons, une seule image suffirait pour le reconnaitre parmi tant d'autres, et les musiques, très efficaces, donnent le rythme. Les personnages sont très bien définis, malgré quelques invités secondaires. Enfin l’animation est magnifique, en ce qui me concerne j’adore le stop-motion, encore plus dans ce domaine, dont Henry Selick et Tim Burton sont les maitres incontestés, on se souvient notamment de « L’étrange Noël de Monsieur Jack » très similaire. On regrettera tout de même quelques fausses notes, et quelques maladresses, parfois même du mauvais gout, à l’instar de cette scène (qui m’aura bien fait rire…) de l’opéra avec deux vieilles dames, très grasses, à moitié nue (…mais qui ne feras pas rire tout le monde). Ou encore, cette scène avec l’autre père qui agrippe sa bouche avec ses mains pour tirer dessus, ici on bascule littéralement dans l’horreur.
En conclusion, ce film est peut-être un peu trop sombre pour un « dessin animé », et n’est pas adapté à tous les publics, certainement pas les plus jeunes justement, mais c’est clairement un chef d’œuvre, bien entendu.
https://www.cineanimation.fr/