Si j'avais dû noter « Cosmopolis » uniquement avec mon cœur, je lui aurais sans le moindre remords enlevé une étoile. Oui mais voilà : dire que le dernier-né de David Cronenberg est un navet serait mentir. Beaucoup de choses intéressantes s'en dégagent : au-delà d'un aspect visuel assez remarquable, il faut avouer que de voir ce trader enfermé quasi non-stop dans sa luxueuse voiture ignorer totalement le chaos qui règne à l'extérieur fait froid dans le dos, d'autant que le réalisateur de « Scanners » ne s'arrête pas là. Sexe, désir, violence : on retrouve l'univers et les obsessions du cinéaste, auxquelles viennent s'ajouter une réflexion sur le capitalisme et plus généralement le monde dans lequel nous vivons, notamment quant à la lutte entre les « puissants » et le « peuple ». Reste que si un mot devait le mieux résumer ma pensée en sortant du film, ce serait « chiant ». Le sujet a beau ne pas se prêter à la jubilation, certains signes ne trompent pas. Ainsi, dans la salle, pas moins de huit personnes sur une trentaine sont parties avant la fin : tout est dit. Il y a bien tout au long de l'oeuvre quelques répliques qui claquent, mais celles-ci sont tellement perdues dans un bavardage limite imbuvable qu'elles en deviennent anecdotiques, comme chacun des personnages croisés par Eric Packer, joué par un Robert Pattinson honorable. La rencontre finale entre ce dernier et Paul Giamatti résume à ce titre parfaitement le film : ça a de le gueule et le propos n'est pas inintéressant, mais elle est beaucoup trop longue et surtout fort ennuyeuse. Bref, si l'on voit bien où a voulu en venir Cronenberg, on regrettera fortement que celui-ci ne l'aie pas fait de manière très différente, avec beaucoup moins de blabla et nettement plus d'intensité. Une grande déception.