David Cronenberg est un réalisateur habitué à faire souvent les mêmes styles de films. Des films traitant de l’illusion, du virtuel, de l’anatomie humaine, du futur. Les décors sont souvent assez cheap et on reconnait facilement sa patte.
Pourtant lorsque l’on regarde Cosmopolis, nous sommes loin de ce que l’on a l’habitue de voir chez le réalisateur.
Cosmopolis est un ovni complétement à part dans sa filmographie ; et cette asymétrie se retrouve au cœur du récit. Une limousine au milieu d’une ville poisseuse, le visage imparfait d’un chauffeur, une coupe de cheveux à moitié finie et j’en passe.
Pour revenir au récit, Eric Packer est un homme d’affaire multimilliardaire. Malgré les dangers et les contre-indications, il décide de se rendre chez son coiffeur en limousine à l’autre bout de la ville. Un caprice de riche qu’il peut se permettre, lui qui a acheté un avion à 31 millions de dollars pour le laisser pourrir dans un entrepôt.
Comme tout bon financier, il est obsédé par l’équilibre. Si le cours du Yuan grimpe en flèche, il va bien finir par redescendre? Il faut donc parier sur sa chute!
Malheureusement, cette recherche d’équilibre va entrainer sa lente déchéance.
Pourquoi? Tout simplement le monde est asymétrique. Les idées, les classes sociales, les modes de consommations. Tout cela s’équilibre de part leur asymétrie.
Cette récurrence se retrouve également dans les dialogues: “le désir de détruire est un désir créatif”.
Cette phrase s’inscrit à la fois dans la pensée anarchiste comme dans la pensée capitaliste. La destruction permet la création. Cela est valable pour les manifestations ou les attentats tout comme pour l’oligopole financier où notre milliardaire règne en maître.
Mais ce n’est pas tout. Cette asymétrie s’intègre au récit jusqu’à sa mise en scène. Loin de ce que l on a l’habitude de voir chez l’auteur ici les décors sont modernes, épurés. Les personnages sont en costume, Les corps sont propres (du moins dans la première partie du récit) mais l’odeur qui en dégage est déplaisante.
Asymétrie se retrouvant dans la découpe des plans et le travail du son. Le traitement du son est fabuleux. Il y a une insonorisation constante du monde extérieur (Dont on se rend compte suite à la scène où Pattinson sort de la limousine pour rentrer dans un taxi) comme pour signifier qu’il ne prête pas attention au peuple, au monde qui l'entoure.
Le film se conclut par un plan final fabuleux se rapprochant du cinéma habituel de Cronenberg (décors poisseux, colorimétrie jaunâtre, armes “originales”…) qui contraste parfaitement avec le reste du récit.
“- Une prostate asymétrique qu’est ce que ça implique?
- Ça n’implique rien, c’est juste une variante.”