Au détour de l'avenue Montaigne, Fanny rencontre un ancien camarade de lycée avec lequel elle se lie d'amitié avant de céder à l'adultère. Dans un Paris automnal aux couleurs chaudes bien bien appuyées, Woody Allen tourne en français une bluette médiocre à laquelle la jalousie du mari (Melvil Poupaud) donnera à mi-film un tour criminel.
Allen -et ça me coûte de le dire- radote ses thèmes dans les beaux quartiers et endroits chics de la capitale. Au riche mari fiscaliste, il oppose l'amant, écrivain bohème avec appartement mansardé et bistrot pittoresque au coin de la rue, de quoi faire tourner la tête de Fanny.
Le film est celui d'un touriste américain en goguette accumulant les clichés sur la capitale tout en ébauchant des personnages grotesques et caricaturaux (en premier lieu l'amant et le mari, ensuite les seconds rôles de gros bourges décérébrés). Lou de Laâge, dans le rôle principal, s'en sort le mieux. Melvil Poupaud, ancien jeune premier, entame sa cinquantaine, curieusement, par deux rôles d'époux pervers, dans ce Woody Allen ainsi que dans "L'amour et les forêts" de Donzelli, sorti à la même période, et rame dans les deux films. Mal écrits et pérorant, les personnages se perdent dans des bavardages soporifiques qui tiennent souvent lieu de mise en scène, évitant au réalisateur de se décarcasser en originalité ou en subtilités narratives. Son sujet sombre dans l'ennui jusqu'au dénouement, particulièrement simpliste.
A l'évidence, l'inspiration n'y est plus et les derniers films de Woody Allen ont perdu jusqu'à la causticité. On peut mesurer la pente douce sur laquelle glisse Allen en comparant le personnage épisodique de Valérie Lemercier avec celui, qui n'est pas sans analogie, de Diane Keaton enquêtant sur un possible crime dans "Meurtre mystérieux à Manhattan".