Non-non : la vulgarité, au départ, c'est un catalogue poisseux.
Que les créateurs d'un conte de fées moderne inventorient les éléments vendeurs afin de toucher au mieux le public est bien légitime, mais que les « pages » de ce catalogue vénal vous raclent la gueule à tout bout de champ, voilà qui manque franchement de délicatesse (sinon de professionnalisme).
D'emblée, on subit le télescopage entre les mâchoires de rorqual de Julia Roberts et les yeux Hush Puppies de Hugh Hudson. Pourquoi un tel contraste ? Pourquoi la goulue & le basset ? Pourquoi ne pas nous laisser de la marge ?!
( certains gros plans sur le sourire factice de la dame n'arrangeront rien : elle bouffe l’écran et ça s'arrête là )
Au catalogue également le colocataire cracra-rigolo, la petite sœur craca-rigolote --- et vous savez quoi ? À la fin.... …. exactement ! ---, le collègue chouquette, l'amie en chaise roulante, le couple stérile, le 'boyfriend' mufle (quasi-caméo d'Alec Baldwin, superbe bien entendu), le Japonais inévitablement concon...
Ce qui arrive à notre libraire (Hugh Hudson) n'étant pas du tout censé lui arriver --- c'est comme si Eva Green ou Monica Bellucci venait dans ma quincaillerie acheter un sécateur et m'embrassait dix minutes plus tard... ---, on a droit à des scènes d'hésitation et de gêne mal goupillées à n'en plus finir, assaisonnées de « right... right... bugger... bugger... god... god... sorry... sorry... » ; assez pénible (mais pas autant que les interrogations de Depardieu et Balasko dans Trop belle pour toi).
Comme le scénario est simple et que la mise en scène l'est aussi, cinématographiquement, déjà, on ne décolle pas beaucoup, mais le pire reste la B.O.F : une bande-son qui tend à surligner (et pas que musicalement) ce qui se déroule devant vos yeux : un calvaire.
– Ça attaque dare-dare à la 40e seconde avec le visage de la star hollywoodienne Anna Scott (Julia Roberts) :
♩ She may be the face I can't forget / A trace of pleasure or regret (...)
Vlan ! Dans les dents !
– Anna la superstar millionnaire, si gentille, si humble durant le dîner :
♪ It's amazing how you can speak right to my heart (...)
Tiens, prends ça !
– Deuxième bécot (on ressert le sirop) :
♫ It's amazing how you can speak right to my heart / Without saying a word you can light up the dark
– William n'a pas pu tirer son coup au Ritz ; il rentre penaud, la nuit, en bus :
♬ I can think of younger days when living for my life was everything a man could want to do / I could never see tomorrow. I was never told about the sorrow. And how can you mend a broken heart (…)
Broken heart : capiche ? Le pauvre William a les patates au fond du sac... et le cœur brisé.
– Anna en colère quitter William. William beaucoup triste.
♪ Ain't no sunshine when she's gone / It's not warm when she's away / Ain't no sunshine when she's gone and she's always gone too long (...)
– William et ses amis se sont pété la ruche ; l'un d'eux pianote
♫ Without a love of my own (…)
Vous comprendre solitude William ?
– Changement de décision de William : il va aimer Anna ; expédition au Ritz avec tous ses amis
♬ So glad we made it / So glad you made it / You gotta gimme some lovin' / Gimme, gimme some lovin' (…)
– Anna décide finalement de rester en Angleterre avec son libraire. On remet le morceau du tout début
♪ She may be the face I can't forget / A trace of pleasure or regret / May be my treasure or the price I have to pay (...)
Et ils eurent beaucoup d'enfants...