Coup du hasard.

Coup de tête est un film au destin particulier. Sorti avec peu de succès en 1979, il a vu sa réputation grandir au fil des années, et la redécouverte de la filmographie de Jean-Jacques Annaud, jusqu'à sa sortie dvd en 2004 qui l'a complètement remis sur le devant de la scène. Pour finir sur une ressortie en copies neuves dans les salles en 2016. La boucle est bouclée.

Au départ, le script (co)signé Francis Veber parle d'un raté ; Francis Perrin, joué magnifiquement par Patrick Dewaere, qui se retrouve en plus au ban de la société d'une petite ville de province pour un geste douteux à un entrainement de football, qui blessera l'espoir local. Puis, de fil en aiguille, il va perdre son travail, quitter sa maitresse, et être accusé à tort d'un viol, puis envoyé en prison car il se trouvait là au mauvais moment.

Tout le reste du film est un magnifique coup du destin pour Francis Perrin, dont son retour dans l'équipe de football qui l'avait licencié auparavant, qui en profiter pour se venger de cette population qui l'avait auparavant conchié.
Si je devais résumer Coup de tête en une seule ligne, ça serait la revanche des petits, en l'occurrence celle de Francis Perrin, un loser désigné, qui va ensuite agir comme bon lui semble car il va devenir, encore une fois malgré lui, le héros d'un soir lors d'un match de Coupe de France.

Le long-métrage est porté par un immense Patrick Deware, dont je trouve que c'est son meilleur rôle (mais difficile de choisir dans sa filmographie...), qui a dans son jeu à la fois cette immense douceur, et une grande violence qui se dégage de ce corps massif, et que je trouve souvent hilarant dans ses réactions, car il suffit de le voir dans ce rôle pour s'imaginer à quel point quel chien fou il devait être.

L'autre grande réussite de Jean-Jacques Annaud est le reste du casting ; Jean Bouise, Mario David, Claude Legros, Gérard Hernandez, Bernard-Pierre Donnadieu, Michel Aumont... Il est très français, dans l'esprit j'entends, car leurs personnages représentent des gens bas de plafond, qui ne vivent que pour le football, qui sont également des supporters complètement abrutis. Il y a quelque de chose de médiocre en eux, mais on peut dire qu'une passion les relie, aussi bêtes qu'ils sont.
A noter que c'est également le premier rôle de Jean-Pierre Darroussin, mais c'est à la limite de la figuration.

Il est à noter que même si la réalisation est très modeste, et use de cache-misères par moments comme l'accident de bus, Annaud filme la plupart de ces gens comme des animaux de foire, lui qui aime tant filmer l'âme (humaine ou animale). Il est dommage d'ailleurs que c'est le seul film contemporain de son réalisateur, car aussi bien dans les scènes de football que celles au vestiaire ou la liesse collective, il a su attraper quelque chose de la folie collective qui s'empare des gens quand on parle du ballon rond. Et qui plus est lorsque la ressortie en salles coïncide avec un certain Euro 2016.

Il ne vous a sans doute pas échappé de voir à quel point j'adore ce film, que j'ai dû voir une trentaine de fois avant sa ressortie en salles, car je trouve qu'il parle à la fois de son époque, et de celle d'aujourd'hui, à travers le prisme de Francis Perrin.

Ennemi d'un jour, Héros du soir.