Coup de torchon est déjà la cinquième collaborations de Bertrand Tavernier et de Philippe Noiret en sept ans, et fort heureusement ce ne sera pas la dernière. Après lui avoir confier (deux fois) le rôle du fameux horloger Michel Descombes, l'avoir entrainé à la cour de Versailles au début du 18e siècle, puis drapé de la robe de juge au siècle suivant, Tavernier fait de son acteur fétiche un fonctionnaire colonial durant l'entre-deux guerre.
Que d'époques et de rôles radicalement différents en quelques films pour celui qui est - selon moi - le meilleur acteur français de sa génération. Il campe ici le rôle d'un paillasson (appelons un chat un chat), loin de la stature inhérente à un juge ou un régent du royaume de France. Un flic sans la moindre autorité, qui souffre de tous les inconvénients de la profession, sans bénéficier de ses avantages.
L'ennui c'est que la demi-mesure il connait pas. C'est tout ou rien. Soit il encaisse les humiliations sans broncher, soit il mène sa propre justice qui ferait frémir d'horreur le camarade Staline. Dès que la goutte d'eau a fait déborder le vase t'as de la flotte de partout. Bah là c'est pareil. Et ce qui avait commencé comme une gentille comédie dépaysante se transforme en western sanglant façon Règlement de compte à OK Corral.
La sueur dans les yeux et la chemise ouverte il fait danser ces pieds-tendre de Jean-Pierre Marielle et Gérard Hernandez, parce que c'est lui qui tient le colt. Faut pas faire chier le shérif de la ville.
Mais tous les auteurs s'étant penchés sur ce vaste sujet qu'est la vengeance en sont arrivé à la même conclusion. Ce n'est pas une solution. Elle ne satisfait qu'un instant un désir irrationnelle, et a des conséquences toujours plus grande que prévu. C'est ce qu'on retiendra de Coup de torchon. On retiendra aussi qu'il faut pas faire chier Philippe Noiret.