1938 dans une colonie française d'Afrique occidentale. L'unique policier d'un petit village, fainéant, lâche et indolent se fait constamment humilier par sa femme, des proxénètes, ses supérieurs, entre autres.
À l'issue d'une ultime brimade et d'une blague librement interprétée comme un appel à la révolte, Lucien, le flicaillon, décide d'abandonner sa passivité pour exercer des châtiments sur ceux qui le méritent, selon lui.
Un film étrange qui se présente comme une farce noire et caustique, hilarante par l'absurdité des situations et des dialogues acérés.
Mais, peu à peu, sans perdre son humour cruel et féroce, il bascule dans quelque chose de plus malsain, de moins jubilatoire sans doute mais aussi de plus profond et dérangeant.
Car Lucien ne s'attaque pas aux salauds, comme on aurait pu le croire de prime abord. C'est vers les déshérités, qui, malgré leur malheur, se complaisent dans la médiocrité, la servitude ou la méchanceté, qu'il dirige sa fureur presque divine.
Une œuvre extrêmement ambiguë donc, parfaitement servie par une réalisation atmosphérique réussie et une musique excellente.
Son plus grand atout reste cependant son acteur principal, Philippe Noiret, qui donne à son personnage, nounours inoffensif capable de se transformer en l'espace d'un instant en tueur manipulateur et froid à la morale idiosyncrasique, une ambivalence formidable.
Et, si le film est imparfait sur certains points, il serait bien dommage de passer à côté de ce qui reste une jolie réussite drôle, intéressante et déstabilisante.