Les années 70~80 ont marqué le cinéma français par leurs dialogues complètement fous. J'adore Bertrand Blier qui a marqué au moins une génération avec Les Valseuses ainsi que tous ses films par la suite, et je trouve que le cinéma de Bertrand Tavernier vaut aussi franchement le détour.
Contrairement à Que la Fête Commence, dont l'histoire assez complexe rendait déjà le film hermétique, Coup de Torchon traite simplement d'un personnage victimisé, à l'allure bête, qui décide finalement de prendre sa vie en main ; et prendre sa vie en main, cela signifie se venger, éliminer tout ce qui peut obstruer le chemin vers son bien-être personnel, et donc tous ceux qu'il considère comme parasites.
Il s'agit donc d'un tueur discret par sa simplicité d'esprit, que l'on croit incapable de faire de mal à une mouche. Et c'est là que Philippe Noiret entre en jeu ; il s'agissait de parfaitement incarner Dr. Jekyll et M. Hyde simultanément, tout en rendant attachant le personnage de Lucien Cordier. Et c'est réussi : par cette aisance à incarner un homme intelligent, froid, tourmenté mais d'apparence niaise, Philippe Noiret est certainement dans l'un de ses meilleurs rôles.
Il est épaulé par un très bon casting (Isabelle Huppert, Jean-Pierre Marielle, Eddy Mitchell...) ainsi qu'un scénario très lisible, facile à suivre, très plaisant. Comme je l'ai déjà signalé, les dialogues sont particulièrement bien écrits, et souvent bien drôles, surtout quand ils concernent le personnage de Philippe Noiret.
Ce film a reçu le nombre impressionnant de 10 nominations aux Césars, nominations bien méritées, mais pour aucune récompense (pas de bol). Même l'Oscar du meilleur film étranger, auquel il était également nominé, n'a pas été remporté. Et malgré ses échecs au niveau des récompenses, il vaut franchement le détour, et est, je pense, trop peu resté dans les mémoires.