"Coups de feu dans la sierra est un des premiers films au cinéma de Sam Peckimpah après un début de carrière à la télévision.


Ce film a la particularité de mettre en scène deux vétérans emblématiques du western que sont Joel McCrea et Randolph Scott qui ont connu leur heure de gloire pendant les années 40 et 50.


Et le scénario en fait deux personnages qui ont beaucoup bourlingué ensemble, connu des tas de métiers et qui ont su s'apprécier. Au moment du film, ils sont un peu rangés des voitures et tirent le diable par la queue pour survivre.
L'un, Steve Judd, ancien shérif, fonctionne encore dans le domaine qui a été le sien et cachetonne pour des petits jobs de surveillance ou de transports de fonds. Il est scrupuleusement honnête. C'est Joel McCrea, qui se cache dans les toilettes pour lire son contrat car il ne veut pas qu'on voit qu'il a besoin de lunettes pour lire.
L'autre, Gil Westrum, fait plus dans la bricole et la fantaisie. Ici, il est forain et se fait appeler "le kid d'Omaha" pour attirer le chaland. Il est toujours à l'affut de la bonne occase. C'est Randolph Scott.


L'histoire, c'est un transport d'or de la mine en haut d'une montagne vers la banque en ville. Bien entendu, on s'en doute, bien des évènements vont compliquer cette mission, en principe, simple.


Et Sam Peckimpah va déployer plusieurs thèmes intéressants.


D'abord celui de l'amitié entre Judd et Westrum qui pourrait être mise à mal par l'appât du gain de l'un d'eux. Même si les 250000 $ que fait miroiter le banquier se traduisent plutôt par 10000 $ au final.
L'amitié entre deux solitaires par la force des choses qui se redécouvrent, qui évoquent le bon vieux temps et les bons et mauvais coups. Deux solitaires qui s'efforcent de maintenir la "façade" propre même si la caméra indiscrète de Peckimpah montre les manches de la chemise élimées et les bottes trouées.


Ensuite, l'âge des deux personnages qui est un fardeau et une contrainte mais qui est aussi un avantage car l'âge apporte l'expérience. Est adjoint à ce duo, un jeune genre "tête brûlée" qui cogne d'abord puis réfléchit après s'être pris une gamelle : "Cette jeune génération : aucune fierté, pas la moindre ambition, beaucoup de culot mais rien dans le ventre".


Le camp des chercheurs d'or qui ressemble plus à un bidonville avec les tentes, le saloon qui est un bordel, le juge ivrogne (Edgar Buchanan !) et les chercheurs d'or qui pataugent dans la boue et le froid pour de maigres bénéfices. On est dans un western qui se veut réaliste et montre les choses telles que probablement elles étaient.
Le réalisme encore avec la scène du mariage dans le saloon-bordel qui menace de se terminer en orgie avec le viol collectif de la jeune mariée. Pourtant la cérémonie commençait pas trop mal malgré le juge complètement ivre, avec la mère maquerelle avec la larme à l'oeil et les prostituées bien habillées et très émues.
Et lorsque la jeune femme sera en danger, nos deux old-timers seront bien là pour rétablir l'ordre et surtout protéger la jeune femme.


Le dernier thème, presque surprenant quand on connait la suite de la carrière de Peckimpah, c'est la morale. Mais une morale réaliste, je dirais presque moderne.
D'abord, l'appât du gain qui opposera Judd (Joel McCrea) à Westrum (Randolph Scott) s'effacera devant le danger et surtout la valeur de l'amitié.
Et puis, la morale qui va s'opposer à celle du fermier, rigoriste et puritaine, qui maintient sa fille dans une ignorance absolue de l'extérieur de la ferme.
"Père disait qu’il n’y avait sur terre que deux choses, le bien et le mal et rien d’autre entre les deux"
"Oui, ça paraît simple mais ça l’est beaucoup moins en réalité "


C'est un western que j'apprécie beaucoup et que je revois toujours avec plaisir. Ne serait-ce que pour les deux acteurs magnifiques que sont Joel McCrea et Randolph Scott. Le film n'a pas la dureté et la violence des westerns ultérieurs - tendance nihiliste - de Peckimpah qui seront sa marque de fabrique. Je reste toujours frappé par la morale réaliste mais positive de ce film.

JeanG55
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le 24 août 2021

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JeanG55

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