Le premier Creed était une sorte de petit miracle. Suite de la mythique saga Rocky, tout laissait craindre un film opportuniste dont la seule motivation était de faire pleuvoir les dollars facilement, pendant que Stallone était encore en mesure de tenir son personnage.
Que nenni. En réalité le film s'était révélé être une réussite quasi intégrale, montrant que respecter une franchise légendaire était encore possible au XXIe siècle.
Presque 3 ans jour pour jour plus tard, le duo Jordan/Stallone remonte sur le ring. Pour la dernière fois?
Quelques années sont passées: Adonis Johnson Creed, le fameux "fils de", a poursuivi son ascension fulgurante et remporté le championnat du monde des "poids lourds". Une victoire acquise face à un adversaire qu'on disait amoindri et qui, de ce fait, laisse à la presse, au public et au principal intéressé, un arrière-goût de "triomphe sans gloire"...
Cela tombe bien, Viktor Drago, lui aussi, s'ennuie. Dans les froides et poussiéreuses salles d'Ukraine, il réduit inlassablement en charpie tous ses adversaires.
Toujours à flairer les bons coups qui peuvent rapporter gros, un promoteur propose d'organiser un match entre Viktor et Adonis. Une rencontre terriblement symbolique, puisqu'en 1985, Ivan, le père de Viktor, avait provoqué la mort d'Apollo, le père d'Adonis, après un combat d'une inouïe violence.
L'une des forces de la saga Rocky est sa capacité à renouveler sans cesse l'intérêt des combats qu'elle propose. Une fois de plus donc, le fil rouge de Creed II est l'annonce d'une opposition qui sent le souffre.
Inutile de dire qu'on ne boude pas notre plaisir de voir réapparaître le terrible Ivan Drago. Et autant dire que Dolph Lundgren a bien encaissé les années et se montre savoureux, dans son rôle d'ancien boxeur froid et aigri depuis sa défaite contre Rocky. Défaite qui a jeté sur lui honte et déshonneur au pays...
Bien sûr, lui, et tous ses compatriotes d'ex-URSS, sont dépeints de manière un peu caricaturale. Néanmoins, cela reste dans l'esprit de la saga et s'appesantir sur ce point n'aurait pas vraiment de sens.
Globalement, on retrouve dans Creed II tout ce qu'on aime dans la saga Rocky. Il y a bien sûr la boxe en premier lieu. Les combats prennent juste la place qu'il faut et surtout, ils sont toujours filmés de manière aussi immersive et dynamique. La carrure de Viktor est franchement effrayante et chaque droite qu'il envoie à son adversaire nous ferait presque mal, à nous aussi. L'ambiance dans la salle est parfois tellement grisante qu'on aurait envie de se lever de notre siège pour hurler des encouragements.
Mais derrière l'aspect sportif, il y a aussi, et surtout des Hommes. Et Creed II a l'intelligence de ne pas l'oublier. Aucun des principaux personnages du film n'est là par hasard. Tous ont leur propre background, leur propre quête et leur propre histoire au sein de la saga. En d'autres termes, la présence des uns et des autres n'est pas qu'une histoire de fan service. Chacun trouve sa place de manière cohérente et dans le respect de la mythologie Rocky.
A ce propos, on ne pourra qu'une fois de plus souligner la qualité d'interprétation des personnages avec un casting tout bonnement excellent. Et on appréciera au passage que lesdits personnages sont finalement plus nuancés que ce qu'on pouvait imaginer. Creed II a par exemple, le bon goût de ne pas se vautrer dans le manichéisme cher au cinéma US des années 80, avec les gentils américains d'un côté, et les vilains soviétiques de l'autre.
Vous l'aurez compris, Creed II nous offre presque tout ce que l'on pouvait espérer: des combats intenses, un scénario assez simple mais efficace, des personnages attachants et charismatiques, une atmosphère travaillée et (beaucoup) de clins d’œil au passé.
Si ce volet s'avère un brin en dessous de son prédécesseur, il n'en reste pas moins un film captivant (notamment sa seconde partie) et parfois vraiment émouvant.
Creed II trouve donc toute sa place au sein de la saga Rocky et si cet épisode devait être le dernier, alors le jeune réalisateur Steven Caple Jr. (qui n'était même pas né à l'époque des premiers opus) et Papa Stallone (qui n'était jamais loin derrière) n'auront pas à rougir de cette conclusion, loin de là!