Est-ce un bon film ? Oui ça va.
Existe t-il au sein de la saga Rocky pour alimenter la machine a fric ou pour apporter, aussi petite soit-elle, une pierre à l'édifice ? La première réponse sans doute aucun.
Creed II échoue là ou son premier réussissait avec une histoire simple, celle de la tentative de s'affranchir de son héritage pour se construire. Cette tentative de self-made man échouait justement et c'est là qu'était la réussite du film, l'idée que l'on ne peut s'affranchir de tout et qu'il faut accepter de composer avec ce qui nous incombe. C'était un direct reçu de la part du destin dans les dents d'Adonis Creed qui encaissait le choc pour mieux embrasser sa structure et définir en connaissance de cause son parcours.
Le second film essaye de reprendre ses codes en voulant nous servir du réchauffer de Rocky IV.. Creed est dans l'ombre de ce combat qu'il cherche à définir comme le sien, mais le spectateur n'est pas dupe et jamais n'y croira.Ce n'est pas en martelant le discours que celui-ci rentre forcément. Le film n'est pas habile et le traitement à la pub de parfum pour l'entraînement de Creed est raccord avec la musique dégueulasse pondue par sa copine : sa séquence d'entrée sur le ring en est un beau symbole du manque d'impact du personnage d'Alois Creed, un homme qui tente de se définir dans l'ombre de son père. Une piètre imitation hip-hop du show-man Creed père.
Pourtant le film surprend dans les combats de boxe et les tournants choisies, à plusieurs moments j'ai cru que j'allais être surpris par un choix scénaristique fort montrant que la victoire n'est pas forcément sur le ring, mais sur des combats d'ordre plus intimes et ou sociaux en ce qui concerne son opposant Viktor Drago. Mais ce ne fut qu'un espoir, aucune surprise sur le reste du film mais de beaux traitements des combats laissant croire à quelques ouvertures scénaristiques.
Là ou le film fait défaut c'est dans l'absence quasi-total de traitement, de grain, de fonds au fils d'Ivan Drago. Pourtant on sent dans ce regard et ces émotions un certain décalage avec le physique de titan. L'exil en Ukraine et la vie de prolétaire qu'il mène aurait dû être au cœur de l'histoire face au golden boy vivant depuis tout jeune dans le luxe. Lui aussi a quelque-chose a prouver, mais tout ce qu'on apprendra à son sujet se situera dans les paroles de son père. Son personnage ne parlera jamais vraiment et pourtant la mise en scène laisse à penser que nombre de scènes ont été supprimés concernant la profondeur du combat des Drago.
Parce que là est l'intérêt des films Rocky, le parcours des boxers et la rencontre de ceux-ci. Ce ne sont pas que des films de boxe, non le combat sur le ring catharsise les enjeux des combattants et ce qui en découle. Ils sont censé pouvoir parler à tout à chacun, sportif ou pas, exprimer une lutte des cultures, une projection des espoirs, ici la critique sociale est absente au même titre que le personnage de Rocky.
Un échec et du réchauffé pour faire aller la planche a billet, bravo Stalone, bravo Hollywood.